Dans nos hôpitaux, c’est l’horreur

Pour ne pas avoir à casquer 200 d au privé, je suis allé ce matin à l’hôpital Rabta dans l’espoir de faire le fameux test PCR à prix raisonnable . La scène que j’ai vue dans les urgences m’a bouleversé, m’a secoué. J’en suis terrassé , j’en ai eu la gorge sèche et les tripes nouées .

Plusieurs cadavres dans de gros sacs noirs en plastique jetés à même le sol dans un long couloir . Puis , un gros camion avec une chambre réfrigérée – qui servait sans doute à la livraison de la viande bovine aux bouchers – a été emmené afin de charger les dépouilles.

Apparemment la morgue est archicomble.

Je me suis taillé, les jambes au cou sans même me retourner . Ça sentait la mort partout , une odeur ronce , macabre qui n’a pas voulu me lâcher.

Vers le coup de midi , je suis allé voir un client ( commerçant à la Rue Mongi Slim , Tunis ) , nous palabrions quand une ambulance a pointé au milieu de l’embouteillage dans un terrible tintamarre. Sirène qui hurlait et Klaxons qui résonnaient dans un enfer de chaleur et de raffut. Deux cadavres que l’on extirpait de la foule , allongés sur des brancards souillés avec du sang asséché. Deux étrangers viennent de rendre l’âme dans un hôtel du coin .

Je suis rentré chez-moi sur le champ . J’ai fermé portes et fenêtres et je me suis couché sans rien me mettre sous la dent .

Je suis tombé comme une pierre dans une eau profonde , le cauchemar « on live » m’a terrassé . Une scène désormais ordinaire dans une hécatombe annoncée.

Ben Ahmed Sobhi