Le « frère » égyptien de Ghannouchi est mort

La télévision publique égyptienne a fait savoir que l’ancien chef d’Etat égyptien Mohamed Morsi était décédé. L’ex-président, issu du mouvement islamiste des Frères musulmans, s’était effondré devant un tribunal avant d’être conduit à l’hôpital.

L’ancien président égyptien issu des Frères musulmans Mohamed Morsi est mort ce 17 juin après une audition au tribunal au Caire, selon la télévision publique égyptienne.

Selon des sources sécuritaire et judiciaire citées par l’AFP, l’ancien chef d’Etat en détention depuis 2013, a parlé ce 17 juin devant un tribunal avant de s’effondrer, puis d’être emmené à l’hôpital où il est décédé.

Mohamed Morsi purgeait une peine de sept ans de prison pour avoir falsifié des documents en vue de sa candidature à la présidentielle en 2012.

Le président turc Recep Tayyip Merdogan a rendu hommage au «martyr» Morsi après sa mort. «Que Dieu accorde à notre martyr, notre frère Morsi, sa miséricorde», a déclaré le chef d’Etat frèriste  à un groupe de journalistes.

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La roue de secours des frères musulmans

Issu d’une famille d’agriculteurs, il s‘était affiché lors de la présidentielle de 2012 comme le garant des idéaux démocratiques de la révolte de 2011 déclenchée par la jeunesse libérale et laïque, mais à laquelle , par opportunisme , les Frères musulmans s‘étaient ralliés.

Il avait été surnommé “la roue de secours”, remplaçant de dernière minute du premier choix des Frères musulmans, l’homme d’affaires Khairat al-Chater, inéligible, mais avait remporté le scrutin, de justesse, face à un cacique du régime de Hosni Moubarak.

Les manières simples et l’air affable de Morsi surnommé « 3ayat » ( le pleurnicheur ) , marié et père de cinq enfants, avaient contribué à un certain état de grâce durant ses premiers mois de présidence.

Puis il s’est rapidement attiré les foudres d’une grande partie de la population qui l’accusait d‘être une “marionnette” aux mains des Frères en les aidant à accaparer tous les pouvoirs, tout en étant incapable de rétablir la sécurité ou de relancer une économie à genoux.

Dans un pays sous la férule de l’armée depuis des décennies, les pro-Morsi soulignent qu’il a tenté d‘évincer les militaires des principaux rouages de l’Etat, ce qui a causé sa perte.

Falot et maladroit

“Il était perçu comme la marionnette des Frères, dont il a placé des éléments à des postes-clés de l’administration, ce qui a irrité la bureaucratie au sommet et la population”, estime Moustapha Kamel al-Sayyid, politologue.

Les crises se sont succédé, et un an après son élection, le 30 juin 2013, des millions d’Egyptiens sont descendus dans la rue pour réclamer son départ.

Son tombeur, l’ex-chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, a invoqué ce mouvement pour justifier la destitution de  Morsi trois jours plus tard .

Elu député “indépendant” de 2000 à 2005, ce technocrate a gravi les échelons des Frères musulmans sans se faire particulièrement remarquer.

Emprisonné en 2006 pendant sept mois, il s’est évadé de prison , avec l’appui du mouvement islamiste Hamas , durant le soulèvement contre Hosni Moubarak en 2011. Après la révolte, il prend la tête du parti de la Liberté et de la Justice, vitrine politique des Frères musulmans .

Ses détracteurs retiennent ses discours interminables souvent inintelligibles et ses maladresses et gaffes protocolaires lors des rencontres avec des chefs d’Etat.

Depuis sa destitution par l’armée dirigée alors par Abdel Fattah al-Sissi, élu ensuite président, Mohammed Morsi a été condamné à un total de 45 ans de prison dans deux affaires – incitation à la violence contre des manifestants fin 2012 et espionnage au profit du Qatar.

Il était par ailleurs jugé dans deux autres procès après l’annulation de deux verdicts prononcés contre lui – une condamnation à mort et une réclusion à perpétuité.

Au cours de ses procès, il apparaît dans le box des accusés derrière des parois en verre insonorisées pour empêcher ses diatribes: il ne cesse, prenant un air martial un peu forcé, de se présenter comme le président victime d’un “coup d’Etat” militaire.