Etats-Unis : des policiers posent un genou à terre pour dénoncer le crime de leurs collègues

Les quatre coins du pays sont secoués par des mobilisations réclamant la justice après le décès de George Floyd, Afro-américain de 46 ans, lors de son interpellation. Des policiers ont parfois rejoint les manifestations pacifiques.

Les Etats-Unis sont plongés dans une atmosphère quasi-insurrectionnelle depuis maintenant cinq jours, après la mort d’un Afro-Américain, George Floyd, au cours de son interpellation le 25 mai à Minneapolis (Minnesota). Rassemblements et manifestations pacifiques s’enchaînent, de même que les scènes d’émeutes, de violences et de pillages, qui ont obligé certaines grandes villes américaines, telles que Los Angeles, Atlanta, Miami et Chicago, à instaurer un couvre-feu. Ce nouvel incident a une fois de plus exacerbé les tensions raciales dans tout le pays. Toutefois, afin de témoigner leur solidarité envers le défunt et de rejoindre la demande de justice exprimée lors des manifestations pacifiques, plusieurs policiers américains ont été vus le 30 mai au quatre coins du pays en train de s’agenouiller en hommage à George Floyd. A Miami (Floride), des manifestants et des policiers se sont réunis pour un moment de paix solennel à Coral Gables, lors duquel ils ont notamment prié.

Jusque tard dans la nuit du 31 mai au 1er juin, Washington D.C. a été le théâtre d’échauffourées aux abords de la Maison Blanche. La capitale américaine fait pourtant partie des villes où un couvre-feu a été imposé pour contenir tout débordement, dans un contexte de violences répétées en marge des rassemblements spontanés, en réaction à la mort de George Floyd, Afro-Américain de 46 ans décédé lors de son interpellation.

Citant des sources du Département de la Défense, l’agence de presse américaine AP rapporte ce 1er juin que «la Garde nationale de Washington D.C au complet (environ 1 700 soldats) est appelée à aider pour contenir les protestations devant la Maison Blanche et ailleurs dans la capitale du pays».

A Flint, dans l’Etat du Michigan, les manifestants ont scandé «Walk with us» («Marchez avec nous», en français) aux forces de l’ordre locales, qui ont finalement accepté. «Nous voulons être avec vous, pour de vrai. J’ai enlevé mon casque, posé les matraques. Je veux en faire un défilé, pas une manifestation», a déclaré le shérif du comté de Genesee, Chris Swanson, aux manifestants de Flint avant de se joindre à la foule, suscitant des acclamations.

De fait, comme en témoigne nombre de vidéos relayées sur les réseaux sociaux, la tension est montée d’un cran aux abords du palais présidentiel, où plusieurs incendies ont été constatés pendant la nuit.

«La Maison Blanche est devenue sombre, éteignant presque toutes ses lumières extérieures, alors que les manifestants ont déclenché des feux à proximité et que des milliers de personnes ont de nouveau défié le couvre-feu pour manifester contre les violences policières. De la fumée a été vue s’élever près du Washington Monument», rapporte par exemple le New York Times.

«Plusieurs incendies font rage à l’extérieur de la Maison Blanche», a également commenté le média en ligne The Daily Caller, vidéo à l’appui.

Comme le rapporte l’AFP, la police a utilisé le 31 mai du gaz lacrymogène près du palais présidentiel afin de disperser des manifestants n’ayant pas respecté le couvre-feu, dans la capitale. Selon le New York Times, Donald Trump aurait été mis à l’abri deux jours plus tôt (le 29 mai) dans un bunker souterrain par le Secret Service, service de protection du président et de personnalités, lors d’une manifestation similaire devant sa résidence.

Dans la ville de Camden, dans le New Jersey, des protestataires ont battu le pavé pacifiquement. Plusieurs policiers ont décidé de rejoindre le mouvement et de marcher avec eux. Des officiers de la municipalité ont même aidé à porter une banderole portant la mention «Debout dans la solidarité» et ont semblé se joindre à la foule en scandant «pas de justice, pas de paix».

En réponse aux nombreuses mobilisations que connaissent les Etats-Unis, la police de Santa Cruz (Californie) a tenu à soutenir «pleinement les manifestations pacifiques», assurant garantir la sécurité des manifestants. Le chef de la police locale, Andy Mills, a également mis un genou à terre avec des manifestants.

A Kansas City (Missouri), plusieurs policiers, noirs comme blancs, ont été photographiés tenant une pancarte sur laquelle était inscrit «End Police brutality».

A Fargo dans le Dakota du Nord, un cliché montre un policier blanc participant à un rassemblement contre les injustices raciales, tenant un panneau indiquant «We are one race… The HUMAN race» («Nous sommes une espèce… L’espèce HUMAINE, en français»).

Alors qu’une manifestation avait lieu devant l’un des commissariats de Ferguson dans le Missouri, plusieurs policiers se sont aussi agenouillés avec les protestataires, témoignant leur solidarité dans leur combat.

George Floyd, Afro-Américain de 46 ans, est décédé asphyxié par un agent de l’ordre le 25 mai lors de son arrestation par la police, qui le soupçonnait d’avoir voulu écouler un faux billet de 20 dollars. Lors de l’intervention, il a été plaqué au sol par un agent qui a maintenu son genou sur son cou pendant de longues minutes. «Je ne peux plus respirer», proteste George Floyd avant de perdre connaissance dans un enregistrement vidéo de la scène qui a fait le tour du monde.

Les quatre agents impliqués ont été licenciés et les autorités locales et fédérales enquêtent sur le drame. Mais seul Derek Chauvin, le policier qui maintenait son genou sur George Floyd, a pour l’heure été inculpé.