Les Etats-Unis signent un accord antiterroriste avec le Qatar

qatar etats unis terrorismeRex Tillerson a signé un partenariat antiterroriste avec Doha, quelques mois après les accusations portées par Donald Trump contre Doha. Mais ce revirement n’a pas fait évoluer l’Egypte, qui demande l’exclusion du Qatar de la coalition anti-Daesh.

Après des semaines d’accusations de la part des États-Unis et des pays du Golfe, Doha a signé un mémorandum d’accord avec Washington sur la lutte contre le financement du terrorisme.

Le Qatar et les États-Unis ont signé un mémorandum d’accord concernant la lutte contre le financement du terrorisme, ont annoncé mardi des responsables des deux pays.
«Le Qatar est le premier pays à signer avec les États-Unis un programme pour la lutte contre le financement du terrorisme», a déclaré le ministre qatari des Affaires étrangères, Mohammed ben Abdulrahman Al Thani.

L’accord a été confirmé par le conseiller du secrétaire d’État américain, R.C. Hammond.

«Il s’agit d’un pas en avant prometteur», a souligné le responsable.

Précédemment, quelques semaines après la visite de Donald Trump à Riyad, l’Arabie saoudite, l’Égypte, Bahreïn et les Émirats arabes unis avaient rompu les relations diplomatiques avec le Qatar avant d’adresser à Doha une liste de conditions destinées à modifier sa politique étrangère.
Dans le sillage de la crise, le Président Trump a accusé le Qatar de financer les extrémistes, saluant la «ligne dure» adoptée par les pays du Golf à l’égard de l’émirat. «Cela sera peut-être le début de la fin de l’horreur du terrorisme», a ajouté M.Trump sur son compte Twitter, tout en indiquant que le Qatar avait été «montré du doigt» par les dirigeants des pays du Golfe.

Le Qatar héberge la plus grande base aérienne américaine dans la région, siège du commandement militaire des États-Unis chargé de l’ensemble du Proche-Orient, et abrite sur son sol plus de 10.000 soldats américains.

Pour l’Egypte, le Qatar reste un soutien au terrorisme

Mardi 11 juillet au soir, l’Egypte, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Bahreïn publiaient d’ailleurs un communiqué joint pour annoncer qu’ils «surveilleraient de près» la manière dont, à l’avenir, le Qatar entend combattre le financement du terrorisme. «Les sanctions demeureront d’actualité tant que le Qatar n’accédera pas à nos requêtes», peut-on lire dans le communiqué.

Un peu plus tôt le même jour, l’Egypte avait par ailleurs estimé qu’il était «inacceptable» que le Qatar continue à faire partie des Etats membres de cette alliance militaire. «La décision prise par l’Egypte, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Bahreïn de boycotter le Qatar, membre de la coalition, est en accord avec nos principes d’opposition au terrorisme», avait souligné Ahmed Abu Zeid, porte-parole du ministère des Affaires étrangères égyptien. «Le Qatar soutient le terrorisme et en fait la promotion dans ses médias», avait-t-il par ailleurs affirmé, faisant référence à la chaîne Al-Jazeera, interdite en Arabie saoudite depuis la rupture diplomatique avec Doha.

Loin de la volonté d’apaisement affichée par Doha après la visite de Rex Tillerson, les déclarations égyptiennes laissent paraître un enthousiasme plus que limité. Dans leur communiqué, les pays du Golfe confirment la position saoudienne adoptée le 5 juillet dernier : après l’expiration de l’ultimatum adressé à Doha, sans réponse favorable de sa part, Riyad et ses alliés, avaient décidé de maintenir l’embargo sur le Qatar et ont promis des «mesures appropriées».

Des accords secrets non respectés par le Qatar à l’origine de la crise ?

Alors que la crise diplomatique dans le Golfe ne semble pas près d’être résolue, la chaîne d’information américaine CNN a diffusé en exclusivité ce 11 juillet le contenu de deux accords supposés mettre fin aux tensions dans la région. Ces textes avaient été signés il y a plusieurs années, et c’est leur violation supposée par Doha qui serait à l’origine de la crise actuelle.

Le premier de ces accords, relativement informel et sous forme manuscrite, avait été ratifié par le roi d’Arabie saoudite, l’émir du Qatar et l’émir du Koweït le 23 novembre 2013. Doha s’engageait alors à ne fournir aucune aide à des «groupes déviants» – c’est à dire à des mouvements non alignés avec la ligne officielle du gouvernement saoudien. Parmi ceux-ci, les Frères musulmans, abhorrés par Riyad, mais dont le chef Youssef Al Qaradawi était hébergé à Doha. Le Hamas et le Hezbollah, auxquels le Qatar est plutôt favorable, étaient également visés, ainsi que la chaîne Al-Jazeera, que l’Arabie saoudite soupçonne d’être responsable dans le déclenchement des printemps arabes.

Le second accord, qualifié de «top secret» par CNN, a été signé le 16 novembre 2014, pour tenter de trouver une nouvelle solution, après constatation de l’échec du premier, dont Riyad a attribué la responsabilité à Doha. Cette fois, la liste des parties était plus large, puisque le roi du Bahreïn, le Premier ministre des Emirats arabes unis et le prince d’Abou Dhabi en faisaient partie. Parmi les objectifs du texte : soutenir la stabilité de l’Egypte, limiter la portée d’Al-Jazeera dans le pays et isoler les Frères musulmans, considérés comme «une menace à la sécurité et la stabilité des pays du Golfe».

Youssef al Qaradawi, toujours hébergé à Doha, continue d’animer une émission télévisée regardée par près de 602 millions de personnes à travers le monde. De quoi conforter l’Arabie saoudite et l’Egypte dans leurs accusations. Pourtant, le Qatar continue de démentir avoir jamais financé les Frères musulmans.