Un Musée juif à Djerba ! Pourquoi pas ?

Une table ronde s’est tenue à la veille d’un pèlerinage juif de la Ghriba, autour de la faisabilité de la création d’un musée juif à Djerba.
Je trouve l’idée excellente et qu’elle ne manque ni d’intérêt culturel et patrimonial, ni d’intérêt touristique et économique.
Grâce à un tel projet, il sera enfin possible de sauver ce qui reste d’un patrimoine matériel et immatériel en péril.
Ce Musée devra capitaliser sur la charge historique et cultuelle de la Ghriba de Jerba, sur son acquis en terme de notoriété nationale et internationale et sur l’existence d’une communauté « résiduelle » résiliente qui a prouvé et prouve encore que la coexistence avec d’autres religions n’est pas une simple vue de l’esprit.
Cependant, pour être viable et ne pas compter parmi les nombreux musées-fantômes réalisés par les services du Ministère de la Culture, certaines dispositions devront être prises, depuis la conception du contenant, la définition du contenu et de la démarche muséographique, jusqu’à la promotion, la gestion et l’exploitation.
C’est ainsi que les éléments suivants pourraient être pris en compte :
– Lieu : Djerba dans un grand espace jouxtant la Ghriba
– Thème : Patrimoine juif d’Afrique du Nord. Ce parti pris offre les avantages de la richesse et de la diversité. Cette démarche transversale et cohérente est justifiée par une histoire partagée durant des millénaires par les pays d’Afrique du nord
En outre, elle garantira un nombre conséquent de visiteurs « ethniques » compte tenu des populations juives existantes dans les différents pays et de la diaspora qui en est originaire
– Contenant : D’architecture résolument futuriste mais s’inspirant des fondamentaux architecturaux des pays concernés, l’exercice devra donner lieu à un concours international ouvert à tous les gens de l’art sans distinction aucune, je dis bien aucune.
– Contenu et démarche muséographique : ce Musée abritera toutes les expressions historiques, artistiques, cultuelles, culturelles, traditionnelles matérielles et immatérielles des différentes communautés d’Egypte, de Libye, de Tunisie, d’Algérie, du Maroc, de Mauritanie et pourquoi pas…d’Andalousie.
Il y sera fait usage des dernières innovations technologiques en matière de présentations réelles ou d’animations virtuelles .
– Gestion : Sous forme d’une ONG groupant les différents pourvoyeurs et acteurs intéressés par la thématique.
– Exploitation : afin de garantir un meilleur sort et de meilleures performances que les Musées du Patrimoine existants et relevant de l’Agence du même nom, l’exploitation de ce Musée gagnera à être confiée à une structure ad-hoc fruit d’un véritable partenariat Public-Privé.
Financement :
Les donateurs et les fondations du monde entier se bousculeront au portillon.
A condition de préparer un dossier « béton », comme on dit.
Grâce à ce Musée, l’île de Jerba gagnera en notoriété, attirera un nombre conséquent de visiteurs et sortira la Ghriba du ronron de son pèlerinage qui se limite à une petite semaine par an.

Wahid Ibrahim