Élections des conseils scientifiques universitaires: approche d’aide à la décision pour les votants.

Rim Kalai Jamai

Rim Kalai Jemai

Après les élections des directeurs de départements, nous sommes là en pleine campagne d’élections des conseils scientifiques dans les universités.
Autant pour les départements les enjeux sont locaux, le choix plus simple et le processus plus clair, autant pour l’élection des membres du CS, l’exercice devient beaucoup plus complexe et donc plus déroutant pour certains votants non avertis.
J’explique un peu pour les non universitaires afin de comprendre le processus.
Pour la direction des départements, les votants sont les professeurs et maîtres de conférence (les corps A) et les maîtres assistants et les assistants (les corps B) du département concerné. Donc les gens se connaissent bien entre eux. Le vote est uninominal, c’est à dire qu’on vous donne une liste de candidats et vous en choisissez un seul, sinon votre bulletin ne compte pas.
Pour le CS, c’est complètement différent. Comme il y a un seul CS, tous les enseignants de l’institution votent. Par contre, les corps A votent pour des candidats de leur corps et les corps B idem. Ici donc, la visibilité sur les candidats est moins évidente puisque généralement on ne peut connaître que quelques collègues des autres départements au gré des évènements. De plus, le choix n’est pas unique. On vous présente la liste des candidats du corps auquel vous appartenez et vous devez choisir six candidats maximum. Ces deux différences fondamentales font que les résultats des élections des CS sont beaucoup plus difficiles à prévoir à cause de la complexité du processus et du manque de visibilité pour les votants sur les candidats.
En Tunisie, les rouages de la démocratie n’étant pas encore ancrés dans les moeurs et les habitudes, beaucoup d’enseignants universitaires se retrouvent face à un dilemme de choix et ne savent pas qui choisir. Entre en jeu alors le travail dans les coulisses sur lequel je ne vais pas m’attarder car pas le sujet du post.
Je vais juste essayer de mettre un peu de lumière sur la démarche de choix qu’un enseignant, et plus généralement un votant, pourrait suivre s’il veut voter en son âme et conscience et pas uniquement aller mettre des croix au gré des noms pour juste montrer qu’il a voté.
Contrairement à ce qu’on pense, lorsqu’on vote, la question à laquelle un votant doit répondre n’est pas « pour QUI je vote? » mais « pour QUOI je vote? ». Tout l’enjeu est dans la réponse à cette question, et toute la philosophie du choix social est fondée sur l’objectif du vote et pas son objet.
En effet, le vote universel est une démarche parmi d’autres dont le but est d’appliquer au mieux la démocratie dans un pays, une entreprise ou une institution. La démocratie, philosophiquement parlant, est un modèle sociétal qui donne le pouvoir à la majorité afin de servir l’intérêt du groupe et éviter de privilégier les intérêts personnels.
Partant de ce principe, un votant sincère et soucieux du bien de son institution ou de son pays doit d’abord réfléchir aux réponses qu’il veut donner à cette question « pour QUOI voter? ». Les raisons peuvent être diverses et innombrables. Elles peuvent même parfois être contradictoires même si de bonne foi (par exemple: rationaliser les dépenses en période de financement difficile et bâtir un foyer universitaire au milieu du campus pour les étudiants ).
Quoiqu’il en soit, cette réflexion est une étape nécessaire et obligatoire afin de définir l’objectif ou les objectifs du choix qu’on vous demande de faire. Une fois ceci réalisé, le choix des candidats devient beaucoup plus logique, facile et productif. Il suffit ensuite de se renseigner sur le profil, les compétences et les motivations de chacun d’eux. Ceci est facilité par la séance plénière organisée par certaines universités afin de présenter les candidats au CS et leurs motivations.
J’espère avec ce statut avoir facilité la tâche de certains collègues soucieux du bien de notre université publique qui passe par un moment difficile, il faut l’avouer. Mais ensemble et en travaillant en équipe et dans le bon sens, je crois qu’on a encore des chances de la sauver.

Rim Kalaï-Jemai