Tunisie … « PEURS »…

Essoussi Kamel

Essoussi Kamel

Tu te remplis de tristesse toute une après midi en apprenant la mort du ministre de la santé . Tu t’installes dans un malaise.
Une ghossa te prend à la gorge. Une impression diffuse que les éléments s’acharnent sur ton pays. Le couvrent d’un linceul noir. Des morts violentes et brusques qui n’épargnent personne. Inexplicables.Qui te renvoient à ce coup de colère du Ministre à l’hôpital Sahloul qui criait son impuissance à faire face au chaos, à ces services saccagés , à ce matériel bousillé, à ce corps médical blessé, martyrisé,battu, à ce corps social disloqué, à ce pays lynché, meurtri, à genoux. Puis tu positives un petit peu en te disant que ce n’est qu’un coeur de plus qui flanche , une pompe qui s’arrête, un moteur qui fait bielle dans une manifestation festive,une marche pour la bonne cause conclue par un coeur qui s’arrête, fatigué.
peursPuis vint l’heure d’aller voir la nouvelle pièce de Fadhel Jaibi et de Jalila Baccar « PEURS » pour oublier, changer de sujet, vivre une création , une naissance dans ce monde lugubre de la mort.
Eh ben ma foi, deux heures durant, la pièce t’enfonce dedans. Elle se résume en une entrée de tout un pays dans une bourrasque, une tempête , un ouragan sans issue de secours. Une issue que tout le monde cherche sans trouver. A essayer de fuir pour s’apercevoir à chaque fois qu’on erre comme des âmes en peine pour se retrouver au même endroit: un hôpital délabré qui sent la mort, une cage balayée par une tempête qui n’en finit pas de souffler bloquant de plus en plus avec ses vents de sable toutes les issues; où tout le monde se chamaille stressé avec tout le monde à essayer de sortir , s’en sortir. Vainement ! Jusqu’à ce que mort s’en suive. Ya khouya quel art avec ces effets sonores, ces lumières, ce vent strident en 4 dimensions qui faisait trembler ton siège, le jeu juste des acteurs, les vrais pleurs de cette actrice tellement imprégnée par son rôle dont on voyait presque ses larmes couler.

Le ministre de la santé Slim Chaker était l’héros de la pièce . La bourrasque qui soufflait sur « l’hôpital de circonscription » – lugubre hasard – ne l’a pas épargné. Il en est mort . Quand moi et ma dulcinée regagnions l’issue de sortie du théâtre croyant retrouver la vie, Tunis était si triste. En fait , on est tous enfermés dans l’hôpital. On n’est pas sorti de l’auberge. Du théâtre!

Essoussi Kamel