Poutine annonce le déploiement de la police militaire russe et des services frontaliers syriens à la frontière syro-turque

Vladimir Poutine a informé Bachar el-Assad des clauses du mémorandum sur le nord de la Syrie adopté lors de sa rencontre avec Recep Tayyip Erdogan. Le chef de l’État syrien a approuvé ces décisions, a annoncé Dmitri Peskov, le porte-parole du Président russe.

Les Présidents russe et syrien, Vladimir Poutine et le président syrien Bachar el-Assad, ont examiné ce mardi 22 octobre, lors d’un entretien téléphonique, les détails du mémorandum de compréhension adopté le 22 octobre à Sotchi par Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, a annoncé le porte-parole du Président russe, Dmitri Peskov.

«Vladimir Poutine s’est entretenu par téléphone avec Bachar el-Assad. Le chef de l’État russe a informé son homologue syrien des résultats de sa rencontre [avec Erdogan, ndlr] qui a duré plus de six heures. Il a exposé les grandes lignes du mémorandum de compréhension adopté à l’issue de la rencontre», a indiqué M.Peskov.

Selon le porte-parole, le Président Poutine a souligné que l’essentiel était de rétablir l’intégrité territoriale de la Syrie et de poursuivre les efforts conjoints dans le cadre du Comité constitutionnel pour la Syrie.
Bachar el-Assad a approuvé les décisions de Sotchi avant de noter que les gardes-frontières syriens étaient «prêts à un déploiement à la frontière aux côtés de la police militaire russe», a ajouté le porte-parole.

Mémorandum russo-turc sur le nord de la Syrie

Les entretiens entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan ont débouché sur l’adoption d’un mémorandum qui prévoit notamment le déploiement de la police militaire russe et des services frontaliers syriens à la frontière syro-turque pour contribuer au retrait des milices kurdes à une distance de 30 km de la frontière «dans les 150 heures» qui suivront le mercredi 23 octobre à midi.

Ensuite, Moscou et Ankara doivent organiser des patrouilles conjointes à une profondeur de 10 km de la frontière entre l’ouest et l’est de la zone de l’opération Source de paix, la ville de Qamishli exclue.

La Turquie mène l’opération militaire Source de paix dans le nord de la Syrie depuis le 9 octobre. Selon le Président Erdogan, cette offensive contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et Daech doit permettre de créer une zone tampon de 30 km à la frontière et de faciliter le retour des réfugiés syriens hébergés en Turquie.

Au terme de ses négociations avec Recep Tayyip Erdogan, le chef du Kremlin a annoncé que les deux parties étaient parvenues à des «décisions cruciales» relatives à la situation à la frontière turco-syrienne.

La Russie et la Turquie sont parvenues à des «décisions cruciales» concernant le déroulement de l’opération « Source de paix » dans le nord de la Syrie, qui seront bientôt annoncées par les chefs des diplomaties des deux pays, a déclaré ce mardi Vladimir Poutine.

«Nous sommes parvenus à adopter des décisions qui seront annoncées par les ministres des Affaires étrangères et qui sont à mon avis très importantes, voire cruciales, et qui permettront de résoudre la situation extrêmement tendue à la frontière syro-turque», a fait savoir le chef du Kremlin à l’issue de ses entretiens avec Recep Tayyip Erdogan à Sotchi.

Respecter la souveraineté syrienne

Selon lui, Moscou et Ankara estiment nécessaire de préserver l’intégrité territoriale de la Syrie.
«Une stabilisation à long terme en Syrie n’est possible qu’à condition de maintenir la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays […]. Nos partenaires turcs partagent cette approche», a souligné M.Poutine.
Les deux pays ont signé un mémorandum portant sur les mesures destinées à prévenir l’infiltration d’éléments terroristes par la frontière turco-syrienne.

Dans le même temps, MM. Poutine et Erdogan ont promis de poursuivre le travail en vue de trouver une solution politique au conflit syrien dans le cadre du «mécanisme d’Astana» et d’apporter leur soutien au Comité constitutionnel syrien.
Pour un dialogue entre Damas et les Kurdes
Le dirigeant russe a également appelé à lancer un «vaste dialogue» entre le gouvernement syrien et les Kurdes résidant dans le nord-est du pays.

«Un tel dialogue inclusif permettrait de prendre en considération et de respecter les droits et intérêts du peuple kurde qui constitue une partie intégrante de la population syrienne», a indiqué M.Poutine.

Les négociations entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan ont duré près de sept heures.

Offensive turque en Syrie

Le 9 octobre, Ankara a lancé son opération militaire Source de paix dans le nord de la Syrie en vue d’éloigner les forces kurdes de la frontière turque et d’y créer une zone tampon de 30 kilomètres. De nombreux pays et organisations internationales ont condamné l’offensive turque, qualifiée d’agression par les autorités syriennes.

Le 17 octobre, le vice-Président états-unien Mike Pence a annoncé avoir trouvé un accord avec le chef d’État turc sur la Syrie en vertu duquel l’armée turque allait suspendre son offensive pour 120 heures afin de laisser le temps aux troupes kurdes de se retirer.