« Les traducteurs » entre l’amour de la littérature et les basses considérations mercantiles de certains éditeurs

Je viens de regarder « Les traducteurs » (2019). L’idée de départ est très intéressante, mais le film ne m’a pas convaincu.

C’est l’histoire d’un groupe de traducteurs qui se trouvent réunis dans un château à huis clos – qui, en réalité, est un bunker coupé du monde – pour traduire en plusieurs langues un phénomène littéraire dont la sortie est imminente et avec interdiction absolue de communiquer avec l’extérieur.
Pourtant, un pirate parviendra à enfreindre le dispositif de sécurité déployé pour l’occasion et exigera d’Eric Angstrom (Lambert Wilson), l’éditeur mégalo qui mène cette affaire d’une main de fer, une rançon sous peine de parution de cet opus sur internet.

Nous voici donc engagés dans un thriller qui nous tient en haleine durant la première partie du film et qui nous ouvre les yeux sur les intérêts commerciaux et les enjeux qui régissent certaines maisons d’édition via le best-seller à venir dont il est question dans le film.

L’on y découvre aussi le petit monde des traducteurs, un métier très noble et en même temps sous-rémunéré. L’intérêt de ce film réside surtout dans l’opposition de l’amour de la littérature aux basses considérations mercantiles de certains éditeurs cyniques.

Les traducteurs se gâte à la fin. En effet, cette fâcheuse propension à vouloir à tout prix faire monter l’adrénaline et donner des frissons au public, notamment en usant et abusant des effets de surprise et des rebondissements « imprévus », s’aggrave au fil du déroulement du film pour finir aux confins du ridicule.

Les scénaristes s’égarent à la fin et le film perd en crédibilité. On a tordu le coup à l’intrigue juste pour que Les traducteurs s’achève par un coup de théâtre à la Usual Suspects. Décidément, ce mimétisme dont sont victimes certains scénaristes et réalisateurs français, cette propension naturelle à imiter le cinéma américain, a complètement niqué le cinéma français.

Pierrot LeFou