Honte à toi, Kamel Ben Younes

Je croyais que tu avais un reste de dignité, d’amour propre, de « rjouliya » (qualité de la majorité des Tunisiennes éclairées). Comment acceptes-tu d’être « intronisé », par la force et contre le gré de la majorité des journalistes de la TAP? Honte à toi…

Comment comptes-tu gérer cette agence, maintenant que tu t’es rallié à la police et à ceux qui l’ont envoyée pour t’imposer sur un fauteuil, devenu de braise, à l’instant même où tu t’es fait escorter par des porteurs d’uniformes, parés des atours de la répression? Honte à toi… Honte également à Mechichi qui t’a nommé (par procuration, peut être) et qui veut qui tu diriges l’agence, contre la volonté de ceux qui la font.

Même Ben Ali n’a pas fait cela, alors qu’il était au faîte de sa popularité et de l’euphorie qu’il a suscitée par son coup d’État. En effet, en nommant, en 1988, Med Hédi Triki, le « larbin » du régime de Bourguiba puis du sien (c’est lui qui a lu à la radio, le communiqué du coup d’Etat), au poste pratiquement « honorifique » officieux et, surtout, nouvellement créé pour lui et pour ses services rendus (mais à vrai dire, Ben Ali voulait s’en débarrasser, puisqu’on n’entendra plus parler de lui) de Directeur général adjoint de la TAP, il a provoqué un tollé unanime parmi les journalistes, au point que pour la première fois, on parlait de grève du secteur…

Ben Ali avait la latitude de l’empêcher, n’aurait été que par des menaces ou des pressions par des responsables interposés et l’opinion publique aurait été de son côté. Il aurait pu aller jusqu’à sévir et imposer sa décision, par la force. Il ne l’a pas fait…tout en ne perdant pas la face, puisqu’il ne pouvait pas faire marche arrière sur cette nomination, au début de son règne. Il a, en effet, chargé feu Habib Boularès, ministre de l’Information à l’époque, de résoudre ce dilemme. Ce dernier a discrètement convoqué une représentation du bureau de l’Association des journalistes tunisiens (aïeule de l’actuel syndicat) pour une discussion franche et pour lui faire comprendre que le chef de l’Etat regrettait sa décision, mais qu’en même temps, il ne pouvait l’annuler, sans se mettre dans la mauvaise posture du dirigeant « fautif ». La solution? L’engagement que Triki n’aura ni cérémonie ni même une séance de présentation. Personne ne le verra et il n’aura aucune responsabilité effective. De surcroît, il sera invité à aller le moins possible à son bureau à la TAP, avant qu’on ne lui signifie, dans les plus brefs délais, de ne plus y remettre les pieds. C’est, d’ailleurs, ce qui fut et c’est ainsi que la bombe a été désamorcée. Les témoins sont encore vivants…

Militaire, policier, avec en plus la popularité et la « légitimité » de celui qui a pris le risque d’être pendu, pour sauver le pays d’une crise socio-économique réelle, il n’a pourtant pas recouru à la force.

Avez-vous saisi Si Mechichi? Quant à toi, nullard de Kamel Ben Younès, tu auras bientôt, besoin d’un Niqab pour sortir dans la rue. Ah, j’oublie que de par ce qui s’est passé aujourd’hui au siège de la TAP, tu as rejoint le bataillon de ceux qui ont le derrière à la place de la face. Honte à toi…

Slah Grichi 

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