Droit à l’avortement annulé : Biden dénonce une « erreur tragique »

La Cour suprême des Etats-Unis a officiellement supprimé le droit à l’avortement vendredi, une décision qui entérine ce que craignaient depuis de longues semaines les défenseurs de l’IVG.

Dans une volte-face historique, la très conservatrice Cour suprême des Etats-Unis a enterré ce vendredi un arrêt qui, depuis près d’un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter mais n’avait jamais été accepté par la droite religieuse.

Cette décision ne rend pas les interruptions de grossesse illégales mais renvoie les Etats-Unis à la situation en vigueur avant l’arrêt emblématique « Roe v. Wade » de 1973, quand chaque Etat était libre de les autoriser ou non.

La juridiction américaine ouvre ainsi la possibilité, pour les États, d’interdire l’avortement.

Cette décision ne rend pas les interruptions de grossesse illégales, mais renvoie les États-Unis à la situation en vigueur avant l’arrêt de 1973, quand chaque État était libre de les autoriser ou non, en l’absence de loi fédérale en la matière.

Pro et anti-IVG mobilisés

Avant l’annonce de la décision, des manifestants pro et anti-avortement s’étaient rassemblés devant le siège de la Cour suprême barricadée, à Washington, dans l’attente de cette décision aux conséquences majeures pour la société américaine.

Au cours des derniers mois, plusieurs États conservateurs avaient considérablement réduit le droit à l’avortement. L’une des législations les plus restrictives a été adoptée fin mai en Oklahoma, interdisant le recours à l’avortement dès la fécondation.

Mi-mai, des milliers d’Américains étaient descendus dans les rues pour défendre le droit à l’IVG, tentant de faire pression sur l’opinion et sur la classe politique alors que fuitait déjà la rumeur d’un revirement de la Cour suprême. Au Sénat, les démocrates avaient tenté, en vain, de faire adopter une loi garantissant ce droit.

Continuer le combat

Depuis, les réactions ne cessent d’affluer. La principale organisation de planning familial à d’ores et déjà promis de continuer à « se battre »:

« Vous ressentez sans doute beaucoup d’émotions – de la douleur, de la colère, de la confusion. C’est normal, nous sommes avec vous et nous n’arrêterons jamais de nous battre pour vous », a tweeté Planned Parenthood.

Le président des Etats-Unis Joe Biden a déclaré que la décision de la Cour suprême annulant le droit à avorter était une « erreur tragique » et le résultat d’une « idéologie extrémiste ».

« La santé et la vie des femmes de ce pays sont maintenant en danger », a martelé le démocrate dans la foulée de l’arrêt historique, déplorant un « triste jour » pour l’Amérique qui fait désormais figure « d’exception » dans le monde.

« Cette décision est le résultat d’un effort délibéré depuis des décennies pour rompre l’équilibre de notre droit », a-t-il déclaré.

La Cour de neuf juges, qui porte pour longtemps l’empreinte de la droite religieuse américaine suite aux nominations faites par Donald Trump, « ramène littéralement l’Amérique 150 ans en arrière » en invoquant d’anciennes jurisprudences, a-t-il déploré dans le grand hall d’entrée de la Maison Blanche.

Des femmes occupant des postes-clés à la Maison Blanche s’étaient rassemblées pour écouter les propos présidentiels, dans un silence pesant et avec des mines sombres.

Le président a demandé à ses compatriotes de poursuivre le combat de manière « pacifique », et surtout de défendre « dans les urnes » le droit à l’avortement et toutes les autres « libertés personnelles » à l’approche des législatives de mi-mandat qui s’annoncent difficiles pour son camp démocrate.

L’ancien président américain Barack Obama a accusé de son côté la Cour suprême d’avoir « attaqué les libertés fondamentales de millions d’Américaines », après la décision vendredi de l’institution de révoquer le droit à l’avortement.

« Aujourd’hui, la Cour suprême a non seulement renversé près de 50 ans de précédent historique, elle laisse également au bon vouloir des politiciens et idéologues la décision la plus personnelle qui soit », a déclaré l’ancien président démocrate sur Twitter.