À lire absolument « Le miroir et l’horizon- Rêver la Tunisie»

« Le miroir et l’horizon- Rêver la Tunisie» du gouverneur Baccar connaît un franc succès, ici et à l’étranger. Un deuxième tirage est envisageable et même, souhaitable. La tournée de présentation du livre, interrompue provisoirement pour indisponibilité de l’auteur, laisse déjà profiler un fort intérêt pour l’œuvre et en promet davantage.
Le livre est au cœur de la dialectique du temps : le passé et l’avenir, le souvenir et le rêve, la rétrospective et la projection. L’œuvre se veut une rupture avec la rupture, comme étant la démarche idéale pour tirer les leçons d’un passé tantôt glorieux, tantôt moins et pour construire en traversant les flammes de la rancune et de la passion…
Le livre est aussi au cœur de la dialectique de l’espace : l’unicité et la diversité du discours et du comportement politiques, la fermeté et le relâchement, la rigueur et le laxisme dans la gestion de la chose publique, la vision et l’intuition, l’euphorie et la déception…
« Le miroir » restitue le parcours d’un pays à travers celui d’un homme et le parcours d’un homme à travers celui d’un pays. Il offre au lecteur un témoignage édifiant où transparaissent en filigrane, les couloirs du pouvoir et de la gouvernance de l’Etat et de ses bras séculiers. L’auteur y relate un itinéraire où se mêlent les satisfactions, les épreuves, les réussites, les échecs, les contrariétés et les déceptions. Le gouverneur Baccar raconte dans son livre, ses relations notamment avec le pouvoir d’alors et ses rencontres avec des hommes qui ont marqué leur époque, et pour certains, l’histoire: le Président Habib Bourguiba, le grand leader Nelson Mandela, M.Ghaddafi, Abdelaziz Bouteflika, Jacques Chirac, Rafik Hariri et les prix Nobel d’économie, Robert Mundell, James Heckman, Edward C Prescott, etc.
Au titre des épreuves, l’auteur revient bien évidemment sur la nuit du 14 janvier 2011, mais aussi sur la crise financière internationale de 2007/2008, la relation avec les institutions de Bretton Woods avec ses enjeux multiples. Il revient sur les contrariétés dues au contexte intérieur, en particulier le corporatisme et le régionalisme et au contexte extérieur surtout lorsque le prix du pétrole grimpa à plus de 100 dollars le baril. Le gouverneur Baccar regrette avec beaucoup d’amertume de n’avoir pas pu achever l’étape de la convertibilité du dinar qui était à deux doigts de se réaliser, de faire accéder le pays à la notation A auprès de toutes les agences de notation et de faire aboutir la transition à Bales II et III et surtout, de n’avoir pas pu, malgré quelques acquis, faire plus et mieux pour le développement des régions moins nanties.
Dans « l’horizon », l’auteur essaye de mettre ses idées à la disposition de son pays. Il nous dit comment infléchir la courbe ascendante de la dette et améliorer le rendement économique et social des dépenses publiques, comment redémarrer l’appareil de production, améliorer de façon conséquente et sur des bases durables, le niveau de vie des Tunisiens et éviter une dérive sociale et une décomposition régionale. Il nous dit de quelle façon reconquérir l’image de la Tunisie et sa notation souveraine d’antan, comment remobiliser le pays autour d’un projet nouveau, des valeurs nouvelles, pour venir à bout du vent de pessimisme qui pèse lourdement sur les opérateurs, comment redonner confiance à la jeunesse du pays, en perte d’espoir…
De nouvelles visions sont également ébauchées dans « l’horizon »: faire de la Tunisie dans son ensemble une bande côtière intégrée, homogène et compétitive, promouvoir une politique de « Real Social » et une diplomatie économique rénovée, au service du développement et capable de permettre au pays de mettre à profit la transition politique et de redorer son image..

Samir Brahimi