Chine : la nouvelle Route de la soie et la « carte islamique »

Voici la réalité derrière la propagande contre la Chine sur la question des « mauvais traitements » des musulmans du Xinjiang.

Dans la même veine que la « politique de la carte islamique » des années 1980 qui avait aidé les États-Unis et leurs alliés à démanteler l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques), le nouvel assaut contre la Chine par le biais d’un prétendu « internement massif des musulmans ouïghours » vise à contrer l’initiative Belt and Road (BRI, nouvelle Route de la soie).

L’endiguement militaire et économique de la Chine fait partie d’un nouveau Grand Jeu dans lequel les États-Unis et leurs alliés utilisent des groupes religieux-militants comme forces par procuration. Il est bien établi à partir de nombreux documents officiels (fuites et autres) que partout dans le monde, les appareils terroristes musulmans ont été créés par les services de renseignements américains comme arme géopolitique — son utilisation dans le Xinjiang, un territoire autonome du nord-ouest de la Chine, n’est pas un secret.

Depuis que le China Pakistan Economic Corridor (Corridor économique Chine-Pakistan, acronyme anglais CPEC) — un mégaprojet — doit relier le port pakistanais de Gwadar au Xinjiang par des autoroutes, des voies ferrées et des pipelines pour transporter du pétrole et du gaz, les États-Unis utilisent la politique de la carte islamique pour le saper en finançant des réseaux terroristes musulmans pour déstabiliser à la fois le Pakistan et la Chine.

Le Xinjiang abrite l’ensemble des 56 groupes ethniques chinois — Ouïghours, Han, Kazakhs et Hui — qui comptent chacun plus d’un million d’habitants (48 % Ouïghours, 37 % Hans). Grâce à la diversité de ses ressources et à sa population multiethnique, la région a enregistré un remarquable taux de croissance annuel du PIB de 9,3 % depuis 2012.

Nous assistons à des offensives répétées de propagande contre Pékin de la part des États-Unis et d’autres contre « l’incarcération et la répression de masse des Ouïghours, des Kazakhs et d’autres minorités ethniques dans le Xinjiang ». Selon divers médias, « environ 1,1 million de personnes auraient été placées dans des camps d’internement, y compris des camps de rééducation où, selon d’anciens détenus et d’autres témoins, les détenus sont soumis à un endoctrinement politique intensif et à des mauvais traitements ». Il n’y a pas de soulèvements populaires dans le Xinjiang comme dans le Cachemire occupé, mais les pays et les médias qui dénoncent à grand cris le problème des Ouïghours sont totalement silencieux sur les atrocités indiennes, qui sont horribles et sans précédent.

La position officielle de la Chine, telle qu’élaborée par Li Xiaojun, directeur des relations publiques au Bureau des droits de l’homme du Conseil d’État, est : « Nous ne maltraitons pas les musulmans de la province du Xinjiang, mais nous organisons des formations pour éviter la propagation de l’extrémisme, contrairement à l’Europe, qui n’a pas réussi à résoudre le problème ». Il y a deux mois, en marge de la session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, Li a déclaré à des journalistes : « Ce que fait la Chine, c’est créer des centres professionnels de formation, des centres d’éducation, et si vous ne dites pas que c’est la meilleure façon, c’est peut-être un moyen nécessaire pour contrer l’extrémisme islamique ou religieux, alors que l’Occident a échoué dans ses tentatives de traiter l’extrémisme religieux islamique ».

On peut ne pas être d’accord avec l’approche chinoise, mais il n’en demeure pas moins que de 2012 à 2017, un total de 1,39 million de personnes dans le Xinjiang ont été tirées de la pauvreté. Depuis 2017, pour la première fois, le Xinjiang dispose d’une base de données pour tous ses habitants, posant ainsi des bases solides à de nouveaux efforts d’éradication de la pauvreté.

En tant que plateforme importante de la ceinture économique de la nouvelle Route de la soie, le Xinjiang accélère le développement du transport et de la logistique pour relier l’est et l’ouest. Fin 2017, la longueur totale des routes du Xinjiang atteignait 186 000 km, dont 4 578 km de voies express — le Xinjiang devient le centre logistique de l’Initiative Belt and Road (Xinhua/Hu Huhu)

Les médias occidentaux, tout en dénonçant ce qu’ils ont appelé les « mauvais traitements » infligés aux musulmans du Xinjiang, ont commodément ignoré les écrits de nombreux auteurs indépendants selon qui la réalité sur le terrain est tout à fait différente. Par exemple, dans un article intitulé China’s Uyghur Problem: The Recruitment of Uyghur Muslims to Join Al Qaeda (Le problème oïghour de la Chine : le recrutement de musulmans ouïghours par Al Qaïda) publié le 6 octobre 2018, F. William Engdahl observe que « la situation réelle dans la province chinoise du Xinjiang quant aux Ouïghours est impossible à vérifier indépendamment. Est-ce que de tels camps existent, qui y est et sous quelles conditions ? Ce que l’on sait, cependant, c’est que les agences de renseignement de l’OTAN, y compris celles de la Turquie et des États-Unis, ainsi que de l’Arabie Saoudite ont participé au recrutement et au déploiement de milliers de musulmans ouïghours chinois pour les envoyer rejoindre les rangs d’Al-Qaïda et d’autres groupes terroristes en Syrie ces dernières années. Cet aspect du problème mérite d’être examiné de plus près, c’est le côté omis par Reuters ou l’ambassadeur de l’ONU Haley ».

Le recrutement de musulmans du Xinjiang dans des buts d’attaques terroristes a été souligné en 2015 par le magazine Time, dans un article intitulé Is There a Uighur terrorist Buildup Taking Place in South East Asia? (Y a-t-il une montée du terrorisme ouïghour en cours en Asie du Sud-Est ?). Selon les informations de l’article, Alli (membre de la minorité ethnique ouïghoure âgé de 35 ans), ainsi que six autres personnes soupçonnées de terrorisme arrêtées, auraient fait partie d’un réseau terroriste affilié à Daech et lié à Bahrun Naim, un ancien condamné pour terrorisme indonésien qui s’était rendu en Syrie pour combattre aux côtés de l’État islamique d’Irak et du Levant. (Les quatre autres appartenaient à un autre groupe terroriste, Jemaah Islamiyah, aligné sur Al-Qaïda).

La raison pour laquelle le Xinjiang est pris pour cible par l’Occident par le biais de la « politique de la carte islamique » est compréhensible. En raison de sa situation géographique, le Xinjiang est la principale porte du corridor économique de la Route de la soie vers l’Asie centrale et l’Europe. Il possède également des réserves considérables de pétrole et de gaz, de sorte que la construction du pipeline a également commencé avant que la BRI ne devienne un acronyme à la mode. Ses chances de devenir une puissance régionale sont elles que le Xinjiang peut facilement accroître le pouvoir de négociation de la Chine avec ses voisins d’Asie Centrale. Il s’agit bien entendu d’un défi majeur pour les États-Unis et leurs alliés. Dans ce contexte, F. William Engdahl souligne avec justesse :

« L’escalade de la guerre commerciale contre la Chine, les menaces de sanctions à la suite d’allégations de camps de détention de Ouïghours dans le Xinjiang, les menaces de sanctions si la Chine achète du matériel de défense russe et étend plus avant l’initiative One Belt One Road de Pékin (nouvelle Route de la soie) visent à enrayer la seule vraie menace qui pèse sur l’ordre mondial imposé par Washington, qui ne repose ni sur la liberté, ni sur la justice mais sur la peur et la tyrannie. La façon dont les autorités chinoises tentent de faire face à cette attaque est une autre question. Le contexte des événements du Xinjiang doit cependant être éclairci. L’Occident, et en particulier Washington, est engagé dans une guerre asymétrique à grande échelle contre la stabilité de la Chine.

Telle est la réalité de la propagande contre la Chine sur la question des « mauvais traitements » infligés aux musulmans du Xinjiang. Les forces de l’obscurantisme et de la destruction (réseaux terroristes et militants) semblent être les ennemies des États-Unis et de leurs alliés, mais en réalité elles en sont les mandataires. Elles font partie de la stratégie cachée qui vise à arracher au monde sa prospérité économique, sa paix et sa tranquillité, et à maintenir des conflits armés pour que l’industrie de la guerre occidentale prospère. L’humanité dans son ensemble fait face à la période la plus sombre de cette période critique de l’histoire. L’arrogance des États-Unis et de leurs alliés peut conduire le monde à une autre atroce guerre mondiale.

Dr Ikramul Haq

Le Dr Ikramul Haq est avocat à la Cour suprême du Pakistan et professeur auxiliaire à l’Université des sciences du management de Lahore (LUMS)

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