Marqués au fer rouge

En politique, quand l’ambition est de ramasser des suffrages, une turpitude, une bêtise, parfois même un faux pas, cela colle, cela marque. Il est alors vain de chercher à faire oublier et beaucoup plus indiqué de se faire oublier, sauf, qui sait ? pour ramasser, au service commandé de quelque sire, les restes d’un festin raté. C’est ce que certaines figures, parfois attachantes de l’opposition ou honorables du gouvernement en leur temps ont du mal à comprendre. L’exemple le plus instructif, mais trop tard pour ceux qui s’y sont laissé prendre, en est donné par ce rite de la photo imposé au solliciteur, dans le salon ou, plus triste encore, bouquet de fleurs à la main, dans la véranda du chef d’un mouvement arrivé au pouvoir et qu’ils avaient combattu. Je passe sur la goujaterie, toute naturelle d’ailleurs, qui consiste pour le courtisé moins à assurer sa prise sur le courtisan qu’à le compromettre, l’invalider, le composter en quelque sorte par ce moyen, mais ne puis effacer de mon esprit l’image western, associée au sort de ce dernier, d’un taurillon marqué au fer rouge.

Abdessalem Larif