La pandémie Covid-19 met à nu l’extrême précarité du système de santé en Tunisie.

En effet, pour le citoyen tunisien lambda, il ne faut surtout pas tomber malade par les temps qui courent.
Je passe sur les pathologies banales pour m’attarder sur les pathologies lourdes, Covid ou pas, qui nécessitent une prise en charge en milieu hospitalier.
Si le patient s’adresse à l’hôpital, il tombe sur une infrastructure délabrée, d’une saleté à faire pleurer le Marquis de Sade, avec des lits tombant en décrépitude, du matériel désuet, un personnel de santé éreinté et débordé, sans oublier des syndicalistes véreux qui font main basse sur les hôpitaux, se comportant en véritables bandits imposant leur loi.
Si notre patient se tourne vers les cliniques privées, il tombe de Charybde en Scylla « 7rab mil 9otra, jaa t7t il mizab », on le détrousse, on le déplume, on ne lui laisse que son slip et ses chaussettes et encore!
D’innombrables témoignages concordant indiquent en effet que les cliniques réclament à l’arrivée du patient un chèque de garantie d’un montant de 20 mille dinars, voire plus; 3ichrine melioune ya bougalb! Qui sont les tunisiens qui se permettent d’avoir sur eux pareille somme par les temps qui courent?
En définitive, soit que « l’état » tunisien se réveille de sa torpeur et tente de remédier à cette situation déplorable, soit que l’on ouvre à nouveau les mosquées, car il ne resterait plus au tunisien que de prier du matin au soir de ne pas tomber malade.

Dr Moez Ben Salem
Illustration : les urgences hôpital Rabta à Tunis