Emmanuel Macron dénonce un « jeu dangereux » de la Turquie en Libye

La Turquie joue un « jeu dangereux » en Libye, a estimé lundi Emmanuel Macron. Le président français a exhorté une nouvelle fois tous les parties prenantes au conflit à la « responsabilité » et réclamé la fin des ingérences étrangères et des « actes unilatéraux ».

Le président français Emmanuel Macron a dénoncé, lundi 22 juin, le « jeu dangereux » de la Turquie en Libye, soulignant une menace directe pour la région et pour l’Europe.

« Je considère aujourd’hui que la Turquie joue en Libye un jeu dangereux et contrevient à tous ses engagements pris lors de la conférence de Berlin », a-t-il lancé à l’issue d’un entretien avec son homologue tunisien Kaïs Saïed à l’Élysée.

Le chef de l’État a précisé avoir tenu « le même discours » lors d’un entretien téléphonique lundi après-midi avec le président américain Donald Trump. « Il en va de l’intérêt de la Libye, de ses voisins, de toute la région mais également de l’Europe », a-t-il ajouté.

« La France et la Tunisie demandent ensemble que les belligérants cessent le feu et tiennent leur engagement de reprendre la négociation engagée dans le cadre des Nations unies en vue de restaurer la sécurité de tous, de procéder à la réunification des institutions libyennes et d’engager la reconstruction au bénéfice de tous les Libyens ».

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Tensions entre Paris et Ankara

« C’est un chemin difficile qui nécessite que chacun fasse preuve de responsabilité, que cessent les ingérences étrangères et les actes unilatéraux de ceux qui prétendent gagner de nouvelles positions à la faveur de la guerre », a-t-il poursuivi.

La Turquie intervient militairement en Libye en soutien au gouvernement d’entente nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale, face à l’offensive du maréchal Haftar, l’homme fort de l’Est libyen.

Ce soutien turc, qui s’ajoute à l’appui de Moscou à Khalifa Haftar, fait grincer des dents et suscite l’inquiétude de l’ONU et des pays engagés ces dernières années dans la médiation visant à sortir le pays du chaos et à aboutir à un cessez-le-feu durable entre les deux camps rivaux.

« Mort cérébrale » de l’OTAN

La tension est notamment montée d’un cran ces derniers jours entre Ankara et Paris, les deux s’accusant mutuellement de contribuer à la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays divisé en deux et plongé dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en 2011 suite à une intervention armée des forces de l’OTAN .

À l’issue de l’entretien avec son homologue tunisien, Emmanuel Macron a conclu que les récents incidents navals qui ont opposé la France et la Turquie en Méditerranée, objets d’une enquête à l’OTAN, constituent « l’une des plus belles démonstrations qui soient » de « la mort cérébrale » de l’OTAN, jugeant la situation « intolérable ».

L’Egypte fixe une ligne rouge

Samedi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, principal soutien du maréchal avec les Emirats arabes unis, a prévenu que toute avancée des pro-GNA vers Syrte pourrait entraîner une intervention «directe» du Caire. Le GNA, reconnu par l’Onu, a dénoncé comme une «déclaration de guerre» les menaces de l’Egypte.

Le ton ne cesse de monter entre Paris et Ankara, la France accusant la Turquie de fournir des armes au GNA en violation d’un embargo des Nations unies et d’avoir eu un comportement «extrêmement agressif» à l’encontre d’une de ses frégates en Méditerranée.

Avec agences