Mechichi croit acheter les « journalistes » par une crevette ou une daurade royale

Le CDG Méchichi fait appel à des méthodes révolues, des pratiques qui ont fait faillite, il invite à dîner des journalistes triés sur le volet dans un luxueux hôtel de la banlieue huppée de Gammarth. Il croit naïvement qu’entre une crevette et un couscous à l’agneau ou une daurade royale grillée au feu de bois, entre un cocktail de jus et une bouza truffée de zriga il va trouver la solution à la crise aiguë et multidimensionnelle que traverse la Tunisie.

Monsieur Méchichi pense qu’un journaliste, qu’elle que soit sa formation et quel que soit l’impact de ses écrits, de son audimat va pouvoir lui apporter l’éclairage dont il a besoin. Tout en sachant l’importance des médias dans la formation d’une opinion publique, tout en respectant le courage de quelques chevaliers de la plume, le franc parler d’un nombre extrêmement réduit de chroniqueurs qui se respectent, n’en demeure pas moins que le gouvernail est à chercher ailleurs, auprès des experts et surtout auprès des populations concernées.

C’est un leurre de continuer à croire que la Tunisie peut être gouvernée par des conseillers occultes, des gens des médias. Le Goebbels d’Adolphe Hitler, son fameux conseiller à l’information, le Murdoch, ce magnat de la presse, qui faisait et renversait des gouvernements en Grande Bretagne ne peuvent en aucun cas servir d’exemple pour la Tunisie d’aujourd’hui.

Par ce dîner, très vraisemblablement coûteux le CDG Méchichi démontre qu’il panique mais qu’il se trompe de chemin et de thérapie.

Si c’est pour neutraliser ou faire taire quelques voix libres, Ben Ali l’avait fait et le résultat est sans appel. Si c’est pour avoir un autre son de cloche et à l’exception de quelques-uns, la plupart des journalistes se sont bien éloignés du terrain. Ils vivent dans la capitale et fréquentent souvent la nomenclature.

Ya si Méchichi ce ne sont pas les médias qui vont vous donner la légitimité que vous avez perdue ni à vous faire triompher face au président de la république. Votre aura vous l’aurez en vous approchant des tunisiens, en les comprenant surtout en étant au fait de leurs innombrables difficultés et en prenant vos distances de votre soi-disant ceinture politique particulièrement les khwamjias.

Si Méchichi que vous le vouliez ou pas c’est le terrain, la Tunisie profonde, broyée par votre irrésolution, par votre manque de discernement, vos mesures hâtives et irréfléchies, votre sous estimation du poids des partenaires étrangers de la Tunisie, votre alignement aveugle sur les thèses de l’axe des frères musulmans, c’est là où se trouvent vos défauts et qui vous feront, inéluctablement, sortir de la politique par la petite porte.

Le monde a changé et la politique aussi. Les outils que vous voulez utiliser, qui donnaient autrefois satisfaction se trouvent de nos jours dans les musées. Dites à l’ancien nouveau chargé de l’information qui vous a été recommandé de se mettre à la page et ne plus vous proposer ce genre de dîner de copinage. C’est loin d’améliorer votre image de marque auprès d’une opinion publique de plus en plus remontée contre l’amateurisme dont fait preuve l’équipe que vous dirigez.!!!!

Ezzeddine Zayani