La Tunisie se trouve dans l’impasse et les lendemains seront durs pour ses jeunes

C’est dans les moments difficiles que les sociétés ont le plus besoin de l’ingéniosité de l’Homme et de son intelligence ,de l’efficacité et de la réactivité des institutions et de la capacité de celles -ci à se départir des dogmes et à sortir des sentiers battus et de la disposition de la société à se serrer les coudes ,à accepter les sacrifices et à s’imprégner profondément des principes de justice sociale et de solidarité.

C’est dans ce cadre que les sociétés développées déploient aujourd’hui leurs efforts pour faire face à cette profonde crise mondiale et des lueurs d’espoir pointent d’ores et déjà à l’horizon .

Malheureusement sur ces trois plans notre pays n’a rien bâti de solide durant ces dix dernières années ,bien au contraire il a détruit un édifice qui a pu tenir face à plusieurs crises comme celles de 1986 ,de 2007 sans rien construire ni proposer en contrepartie une alternative crédible .

À ce propos il importe de rappeler qu’entre 1987 et 1993 soit en six ans ,la Tunisie a pu concevoir et mettre en œuvre la plus profonde réforme fiscale de son histoire avec l’adoption de quatre nouveaux codes ceux de la TVA,de l’IRPP,de l’enregistrement et des timbres et enfin celui de l’investissement ,un dispositif qui sera complété en 2000 par le code des droits et des obligations fiscaux que j’ai eu la charge de défendre auprès de l‘Assemblée Nationale ,sans oublier la convertibilité courante du dinar décidée en 1992 et l’accès de la Tunisie en 1994 au marché financier international après avoir obtenu le grade d’investissement et remboursé par anticipation le prêt stand by du FMI contracté en 1986 dans le cadre du PAS.

Ainsi dix ans ont suffi pour changer le paysage économique financier et fiscal et ouvrir de nouvelles perspectives au pays .

Au cours des dix dernières années aucune réforme économique ou financière digne de ce nom n’a vu le jour et le pays se trouve aujourd’hui dans l’impasse après avoir épuisé toutes les marges héritées de la période d’avant 2011 et notamment le faible niveau de la dette ,la pression fiscale modérée , le dynamisme des entreprises ,des hommes d’affaires et des circuits d’exportation ….

Les lendemains seront durs en particulier pour ces jeunes dont certains ne manquent pourtant pas de qualités .

Taoufik Baccar , ancien ministre des finances et ancien gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie