Ce petit-grand pays encore debout sans chef de gouvernement occupé à porter un cercueil

10 jours et un corps carcasse dans l’incertitude. Vidé, covidé peut être : Fièvres , courbatures, l’envie de rien, , perte du goût, de l’odorat et l’attente interminable de l’ « Orage » citokinique. (Quel affreux vocable !) Ce moment où le covid s’emballe. Une bourrasque et une tornade. Un ouragan dévastateur pour écrabouiller ce corps dans un ultime assaut. L’angoisse, la peur, l’attente. Seul face au virus, si ce n’est ma compagne. Une table de nuit souk où se mêlent, Doliprane , vitamines sprays, tisanes, thermomètre et quelques lectures qui n’y trouvent plus place.

Et puis je compose le 190 sur insistance de ma fille à Tunis. Tiens ! Ça sonne … Quelqu’un au bout du fil. Poli, courtois qui prend quelques renseignements sur ma résidence, mon âge, mon téléphone et me dit de raccrocher pour me canaliser vers le médecin. 5 minutes plus tard, c’est une dame qui détourne l’orage de mes poumons et de mon esprit. Il ne se déclenche que dans les corps usés rongés par des maladies chroniques. Des mots doux pour rassurer, prescrire des médicaments et rédiger des notes pour un test le lendemain à 8h30. Du coup, le visage cramoisi par la fièvre se détend, Un sourire s’y dessine. Il y a peut-être encore un système sanitaire au bout du fil : le kit qui attend, le test , les lieux et le personnel, la canalisation pour la prise en charge pendant le confinement par les autorités de la santé publique. Tout était réglé comme une horloge. Ça se confirme donc : Le covid à 90 % dans le corps et le système sanitaire public debout encore au bout du fil.

Facebook au retour et puis ces vidéos de cette jeunesse espoir, jeunesse épanouie, propre, cultivée, moderne, colorée, cheveux au vent. La Tunisie insoumise , pétillant de vie, qui criait de toutes ses forces qu’il y a encore un peuple et un pays debout. Dans un face à face avec une police policée, calme qui évite l’affrontement, que tu sens du peuple et avec le peuple. Le peuple d’un petit grand pays qui se prend en charge tout seul. Sans partis, sans Président qui croit résoudre le problème des désœuvrés en les enlaçant sur son fauteuil doré dans une position douteuse, sans chef de gouvernement occupé à porter un cercueil après le couffin.

Oui, il y a encore un peuple et un pays debout. Je n’ai pas envie de le quitter de sitôt.

L’agitateur