Les crabes du panier de Ghannouchi : 2/ Mohsen Marzouk

Le parcours politique de Mohsen Marzouk, a toujours été caractérisé par des retournements de cap en fonction des caprices de Dieu Eole. De militant étudiant d’extrême gauche farouche à l’encontre de l’intégrisme et de l’impérialisme, il plonge dans les méandres des centres et instituts chargés des stratégies impérialistes des changements politiques dans le monde et les pays arabes. Après un séjour à Rjim Maatoug et un passage au bureau exécutif de l’UGET, il atterrit en 2002 à Freedom House et se spécialise dans l’étude des processus de changement politiques et des transitions démocratiques au Moyen Orient et au Maghreb. C’était l’époque où la Maison Blanche a commencé à planifier les changements politiques dans les pays arabes en misant sur les frères musulmans pour le pouvoir. En 2008, il est à Doha ( Qatar ), secrétaire général de la Fondation arabe pour la démocratie. C’était la période où l’administration américaine a pris la décision d’écarter Ben Ali du pouvoir pour avoir , entre autre,  refusé la participation tunisienne à la guerre américaine en Irak . Rothschild et cheïkha Mouza et les charmes du dollar ont eu le dessus sur Marx et Lénine et au diable les camarades Fadhel Sassi et Chokri Bélaïd.
Au cours de ses vingt ans passés à s’abreuver dans les sources de la géopolitique impérialiste, Mohsen Marzouk s’est certainement imprégné des idées de Samuel Huntington relatives au choc des civilisations. Il a été aussi au fait de la théorie de la gouvernance par le chaos, qui, en manipulant des oppositions internes au sein des sociétés cibles, vise à imposer l’ordre nouveau en semant le désordre au préalable par le démantèlement des institutions, la destruction du pouvoir de l’État et, ultimement, le « démembrement » des sociétés, ces remparts qui se dressent devant l’ingérence impérialiste. Si Mohsen, était au cœur des sphères qui prédestinaient les frères musulmans à instaurer cet ordre nouveau dans les pays arabes et maghrébins. En tant que mercantilistes primaires, ils n’ont aucune réserve à la domination du capitalisme mondial. Par ailleurs, ils rejoignent les stratèges de la gouvernance par le chaos du fait qu’ils sont contre la souveraineté nationale dans le cadre de l’Etat nation et les institutions de l’Etat séculier. Mohsen Marzouk a certainement visité les centres d’esthétique où on aspergeait les frères de déodorants démocratiques pour les rendre fréquentables dans leur pays. Il ne pouvait pas non plus ignorer la théorie de Gène Charp sur l’action non-violente, appliquée en Tunisie en 2010-2011, suivant une orchestration de l’administration américaine, relayée par la chaîne qatarie El Jazeera et les internautes tunisiens formés pour la « bonne » cause aux USA même.
En plus de ce gavage par ces théories destructrices, notre Henry Bernard Lévy est rentré en 2011 avec l’obsession de devenir à échéance Président de la République pour être le moteur de la supercherie du « printemps tunisien. » Toutefois, il n’a pas compris que ses bienfaiteurs des années d’exil, ne lui réservaient que le rôle du pion parmi d’autres dans leur stratégie de la gouvernance par le chaos pour réserver aux islamistes les plus hautes marches du pouvoir.
Seulement, les vingt années d’exil n’ont pas permis, au départ, à Mohsen Zakzouk de fonder un parti ou même un noyau de parti sur lequel il peut compter capable de le porter à Carthage. Alors, il intègre Nidaa Tounes dopé par le charisme de Béji Caïed Essebsi et où il figure parmi les fondateurs, puis, au sein de son comité exécutif. Après la victoire de Nidaa en 2014, Si Béji le nomme ministre-conseiller politique chef du cabinet du Président de la République puis en mai 2015 secrétaire général du Nidaa. Ainsi, c’est Si Béji qui lui a donné le statut de personnalité politique dans le pays après un anonymat qui a duré plus que vingt ans. C’était une montée fulgurante qui lui a fait croire qu’il pouvait contrôler le parti et se préparer à la Magistrature. Mohamed Sayah avait compris ses limites. Lui, il a voulu péter plus haut que son cul. Mais, il s’est aperçu que Hafed Caïed Essebsi devenu secrétaire général du parti, lui faisait ombrage.
Au lieu de s’accrocher à Nidaa Tounes, pour pousser au renforcement de ses structures, instaurer la discipline en son sein, le renforcer contre les islamistes d’Ennahdha , il a choisi de s’accrocher à son bagage du chaos, au grand bonheur de Rached Ghannouchi. Mohsen est programmé pour détruire et non pour construire. En effet, Il démissionne de Nidaa en décembre 2015. Mars 2016 il fonde son propre parti « Machrou3 Tounes » non sans avoir informé ses maîtres qataris et reçu le clin d’œil bienveillant de Rchouda car un satellite gravitant autour du temple de Montplaisir est toujours le bienvenu. Pour composer son parti, il lui fallait casser Nidaa Tounes et mener une guerre ouverte contre Béji Caïed Essebsi à travers son fils Hafedh dont beaucoup se sont mis à diaboliser, d’ailleurs, non sans raison. Car il fallait en fait, discréditer Béji, en vue de compromettre sa candidature pour un deuxième mandat. Il se croyait seul présidentiable après lui.
Dans son entreprise, il réunit autour de lui des déçus du Nidaa pour n’avoir reçu, après la victoire du parti en 2014, ni fauteuil ni strapontin pour adoucir leur chaleur annale. Pour les convaincre de le rejoindre, Marzouk dénonçait le rapprochement du Nidaa avec Ennahdha et l’intention du Président de faire de son fils son héritier. Or, Mohsen était bien un des artisans de ce rapprochement quand il était dans le parti étant ses thèses sur le « printemps arabe ». Quant à Hafedh, il était comme son frère de sang avant qu’il ne le supplante au parti. Mais, il a eu la force de persuasion de Josef Goebbels pour réunir autour de lui des brebis auxquelles il a pu faire avaler toutes les couleuvres, poussant le ridicule pour un « progressiste » jusqu’ à dénoncer , bien qu’à demi-mot , le projet de loi portant égalité d’héritage et à se désolidariser du dossier des martyrs Bélaïd et Brahmi qui cache les liens d’Ennahdha avec le terrorisme.
N’étant pas programmé pour construire, le parti de Mohsen subit un échec cuisant aux municipales 2018 où  il n’a récolté que des pisses chat. Il s’est alors mis à faire des avances aux grandes forces politiques du pays. Ses charmes n’ont pas séduit . Alors qu’il a souvent affirmé, qu’il ne conclurait jamais d’accord avec les islamistes d’Ennahdha, il s’est proposé valet chez tonton Rchouda. En fin, le voilà chercher un projet commun avec Youssef Khaznadar et des membres de son parti travaillent main dans la main avec les enfants de Ghannouchi 
Ayant rêvé de la magistrature, Mohsen Marzouk n’a été qu’un pion actionné pour semer le désordre. Par sa scission du Nidaa provoquée et suscitée, il a ébranlé un parti appelé à échéance à éviter au pays le désastre intégriste et à rétablir l’autorité de l’Etat. Le projet de l’enfant de Cheïkha Mouza n’est que le Machrou3 du chaos « printanier » et l’oxygène qui a réanimé un Ghannouchi agonisant.
J’espère pour notre Bernard Henry Lévy une retraite paisible à Doha. A son équipe de réintégrer le Nidaa débarrassé de la gangrène nahdhaoui et des intentions dynastiques qu’on a faussement prêtées au père fondateur. Celui ci saura pardonner à ceux qui ont fugué avec un intrus qui a trahi ses camarades, son géniteur, la femme tunisienne qui l’a portée sur les hautes sphères du pouvoir, et son pays qu’il n’a jamais porté dans son cœur.

Mounir Chebil 

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