Tunisie : la synagogue historique d’El Hammah incendiéé

Des centaines de personnes ont filmé l’incendie déclenché à la synagogue historique d’El Hamma, un bourg situé dans le sud-est de la Tunisie, près de Gabès qui accueille le tombeau du rabbin Yosef Maaravi, kabbaliste du 16e siècle

Une synagogue historique mais désaffectée, en Tunisie, a été complètement détruite, mardi, suite à des émeutes massives entraînées par une explosion qui a eu lieu dans un hôpital de Gaza et dont la responsabilité a été attribuée par le groupe terroriste du Hamas et par une grande partie du monde arabe à Israël.

Des centaines de personnes se sont filmées en train de mettre le feu à une synagogue située à El Hammah, quelques heures après l’explosion qui est survenue dans un hôpital de Gaza City et qui aurait fait de nombreuses victimes. Des vidéos qui ont largement circulé sur les réseaux sociaux ont montré des personnes plantant le drapeau palestinien et ouvrant des brèches dans les murs en pierre du lieu de culte, sans que la police n’intervienne à aucun moment.

Certains usagers ont partagé la vidéo de l’incendie sous le hashtag #Palestine. Des images filmées mercredi montrent que la synagogue a été très endommagée, avec notamment des dégâts essuyés par le tombeau d’un rabbin du 16e siècle, une tombe devenue un lieu de pèlerinage historique pour certains Juifs.

Le mausolée de Yossef Maarabi, un rabbin légendaire, était là depuis cinq siècles, dans l’oasis d’El Hamma, près de Gabès, en Tunisie, aux portes du Sahara. Il n’en reste plus que des cendres, tout comme la synagogue à laquelle il était accolé. Dans la soirée du mardi 17 octobre, des centaines d’émeutiers se sont rués vers la synagogue – vide – en apprenant le carnage à l’hôpital Al-Ahli, à Gaza. Ils se sont hissés en haut du mur, y ont déployé un drapeau palestinien puis ont tout incendié et détruit. La police tunisienne a été complètement débordée. « Les policiers étaient très peu nombreux et ils ne pouvaient rien faire. Ils connaissaient et reconnaissaient chacun des jeunes qui se sont jetés sur la synagogue… » déclare au journal en ligne « Marianne » une source locale, qui demande l’anonymat pour des raisons de sécurité, au sujet de l’incendie qui a un temps été contesté par certains internautes sur les réseaux sociaux.

L’incident, qui prive El-Hammah de l’un des vestiges les plus déterminants de son passé juif, est survenu dans un contexte d’attaques contre des sites juifs et israéliens dans le monde entier – et notamment en Allemagne, en France, au Portugal, en Chine et en Australie – alors qu’Israël est entré en guerre contre le Hamas, dans la bande de Gaza, après l’assaut  commis, le samedi 7 octobre, dans le sud d’Israël qui a fait plus de 1 400 morts du côté israélien, des civils en majorité. 200 à 250 personnes ont été prises en otage et sont actuellement détenues au sein de l’enclave palestinienne .

Les manifestations anti-israéliennes sont montées d’un cran, mardi dans la soirée, après l’explosion qui a eu lieu dans un hôpital de Gaza. Des dizaines d’émeutiers ont attaqué l’ambassade israélienne à Amman, en Jordanie, et des échauffourées se sont produites dans des secteurs palestiniens de la Cisjordanie occupée , rapportent plusieurs médias sur place .

La synagogue d’El-Hammah n’était plus utilisée comme lieu de culte, aucun juif ne vivant dans la ville. Elle accueille toutefois la tombe d’un rabbin kabbaliste du 16e siècle, Yosef Maaravi. Le même site avait été endommagé, dans le passé, pendant les manifestations des printemps arabes, en 2011, qui ne concernaient pas Israël.

L’American Jewish Committee a dénoncé ces actes de vandalisme dans un communiqué.

« Nous sommes horrifiés par l’incendie et les destructions faites à la synagogue d’El-Hammah en Tunisie », a dit le groupe sur X, ajoutant qu’il « surveille de près la situation » et qu’il reste en contact avec les responsables de la communauté juive en Tunisie.

La petite population juive de Tunisie – qui compte un millier de personnes – avait d’ores et déjà connu une attaque meurtrière, au début de l’année, quand un homme armé était entré dans une synagogue de l’île de Djerba, abattant cinq personnes et notamment deux pèlerins juifs qui étaient citoyens israélien et français. Il y avait eu aussi plusieurs blessés.

En réponse à l’attaque de Djerba, le président tunisien, Kaid Saied, avait appelé à la libération de la Palestine toute la Palestine par les armes . 

Depuis la dernière explosion de violence en Israël et à Gaza, les Tunisiens sont massivement descendus dans les rues pour apporter leur soutien aux Palestiniens. Les enfants, dans les écoles, ont salué le drapeau palestinien  et Saied a promis de défendre les Palestiniens tout en écartant toute perspective de négociation sur une éventuelle normalisation des liens avec Israël