Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a accusé les services spéciaux d’un Etat «en première ligne dans la campagne russophobe» d’être impliqués dans la mise en scène de l’attaque chimique présumée dans la Ghouta.
«Nous avons des preuves irréfutables qu’il s’agissait d’une autre mise en scène, et que les services spéciaux d’un Etat ( la Grande Bretagne ) qui est en première ligne de la campagne russophobe ont participé à la mise en scène», a déclaré Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse avec son homologue hollandais Stef Blok, le 13 avril.
Le chef de la diplomatie russe a ainsi adressé un message fort aux occidentaux, qui envisagent depuis plusieurs jours de «riposter» à l’attaque chimique présumée dans la Ghouta, qu’ils attribuent au gouvernement syrien. Des menaces et ultimatums qui créent une atmosphère «très alarmante» autour de la Syrie, selon Sergueï Lavrov, qui a réitéré que les canaux de communication avec les Etats-Unis étaient actifs.
Le chef de la diplomatie russe a rappelé que les inspecteurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) étaient en route pour la Syrie.
«Ils devraient arriver à Damas demain matin et nous comptons qu’ils se rendront sans délai à Douma, où aucune confirmation de l’usage d’armes chimiques, qu’il s’agisse de chlore ou de n’importe quoi d’autre, n’a été apportée par nos spécialistes qui ont inspecté les lieux», a-t-il indiqué.
«Dieu nous garde d’une nouvelle aventure à la libyenne», a en outre lancé le diplomate en référence aux conséquences désastreuses de l’intervention occidentale dans la Libye de Mouammar Kadhafi. Le ministre des Affaires étrangères russe a d’ailleurs noté que la plus petite erreur de calcul en Syrie pourrait mener à une nouvelle vague de migrants, comme se fut le cas après la guerre en Libye.
La défense russe fourni les preuves de la mise en scène
Le ministère russe de la Défense a présenté, lors d’un briefing, les preuves attestant que l’attaque présumée dans la ville syrienne de Douma avait été mise en scène.
«Un certain nombre de pays occidentaux poursuivent leurs accusations infondées d’attaque chimique [contre Damas]», a déclaré le ministère russe de la Défense. «La Russie avait prévenu dès le mois de mars qu’une provocation de ce type serait mise en œuvre, de façon à inciter et provoquer des opérations militaires de la part des Etats-Unis», a encore déclaré le ministère, soulignant que les seules preuves apportées étaient des vidéos fournies par les rebelles eux-mêmes dans un secteur alors encore tenu par le groupe armé salafiste Jaïch al-Islam.
La Défense russe a présenté plusieurs témoignages de Syriens, des médecins travaillant à l’hôpital de Douma, contredisant la version occidentale. «Ils nous racontent exactement ce qu’il s’est passé», a déclaré Igor Konachenkov, porte-parole du ministère.
Des témoins ont vu des personnes absolument inconnues équipées de caméras entrer dans l’hôpital et arroser tout le monde
Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense, a fait savoir qu’on a retrouvé les participants au tournage de la vidéo de l’attaque chimique présumée dans la ville syrienne de Douma et qu’on les a interrogés.
D’après les dires du porte-parole de la Défense russe, les «victimes» de l’attaque présumée à Douma n’avaient pas de traces de l’attaque par produits chimiques toxiques. Ils ont confié au ministère russe de la Défense le déroulé du tournage de cette vidéo.
«Nous avons réussi à trouver les participants du tournage de cette vidéo et à les interroger. Aujourd’hui nous présentons l’interview de ces personnes. Les habitants de Douma ont raconté en détail comment s’est faite la mise en place du tournage et à quels épisodes ils ont eux-mêmes participé.»
«On était filmé et il y a eu un homme qui est venu et qui s’est mis à crier que c’était une attaque chimique. Cet homme, étranger au service, disait que les gens avaient été victimes d’armes chimiques. Les gens ont eu peur et ont commencé à se verser de l’eau les uns sur les autres, à se faire des inhalations», a confié un participant à la mise en scène de l’attaque présumée.
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Si la France se place en première ligne aux côtés des Etats-unis en faveur d’une intervention en Syrie, de nombreux autres pays, même occidentaux, ont fait part de leurs réserves. Tiraillée entre son soutien indéfectible à Washington et la pression que lui mettent ses députés, le Premier ministre britannique Theresa May souhaiterait disposer de davantage de preuves de la culpabilité de Bachar el-Assad avant de s’engager. L’Allemagne d’Angela Merkel a de son côté dors-et-déjà annoncé qu’elle ne participerait pas à une opération militaire, tout comme le Canada et l’Italie.
Sources : Sputnik et Rt