On ne peut s’empêcher de rendre un hommage admiratif à Abir Moussi pour sa remarquable résilience

Anouar El Fani, romancier, militant de gauche de la première heure quand tous ces modernistes du jour s’effarouchent de copiner avec Abir Moussi , soixante huitard convaincu imbu de révolutions en tous genres

Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Louis Aragon, La Rose et le Réséda

Chaque semaine , on croit avoir franchi les limites de l’absurde, de l’irrationnel, de l’ignoble, de la gouvernance ubuesque ; on croit même avoir touché le fond. Mais que nenni ! Les jours suivants ,immanquablement, l’implacable logique du système et l’actualité quotidienne avec son lot d’ahurissantes et affligeantes nouvelles , viennent, hélas, nous persuader qu’on est loin du compte . Et l’on découvre , atterré, l’ampleur et la profondeur des abysses putrides dans lesquels notre pays ne cesse de s’enfoncer. On croyait aussi que la Justice, la défense nationale et le ministère de l’intérieur, ces institutions régaliennes par excellence, étaient relativement épargnés , à l’abri des vicissitudes de la politique politicienne et des mesquines querelles partisanes. Or les voici à leur tour éclaboussés et entraînés dans le tourbillon des crises et des affaires, en proie à d’effrayantes convulsions après les choquantes révélations faites récemment par les ministres eux-mêmes. Jamais l’Etat, ses organes et ses symboles n’avaient été à ce point bafoués et humiliés . Le pays semble tout simplement ingouvernable et fait penser à une république bananière et même à un champ de ruines.
 Le tableau serait apocalyptique sans la petite lueur d’espoir représentée par une vaillante et opiniâtre femme , Abir Moussi et son parti ,le PDL. On peut certes formuler des réserves sur tel ou tel aspect de sa personnalité, ergoter tant sur le fond que sur la forme de son discours et de certaines de ses initiatives, alléguer bien des prétextes pour traîner les pieds et lui marchander son appui. Mais on ne peut s’empêcher de lui rendre un hommage admiratif pour la remarquable résilience dont elle fait preuve, depuis dix ans, face à des ennemis fanatiques , puissants et vindicatifs . Son opposition constante, déterminée, résolue et radicale aux islamistes, porteurs d’un projet destructeur et mortifère pour la nation, son sens de l’Etat, son courage, son éloquence et un indiscutable charisme , en font aujourd’hui la cheffe de file incontestée de l’ensemble du camp laïque face au mal absolu qu’est l’islam politique représenté par R Ghannouchi , ses adeptes et ses complices. Devant l’état de déliquescence des institutions et de la société , hésiter et pinailler ,comme le font de nombreux attentistes , ne pourrait profiter qu’à ses ennemis , les tenants de l’obscurantisme religieux, et donc nuire à la patrie. Abir Moussi porte fièrement une certaine idée de la Tunisie que nous aimons, et cette idée est inséparable de la laïcité et d’une lutte sans merci contre tout ce qui touche de près ou de loin à l’islamisme ,cet insidieux cancer qui nous mine de l’intérieur depuis bientôt une décennie, et qui est l’unique responsable de tous nos malheurs. Dans le paysage politique éclaté qui est le nôtre, où pullulent les opportunistes, les profiteurs et les arrivistes sans scrupules , elle surclasse tout le monde. Elle est bel et bien la seule à oser dire aux islamistes nahdhawis leurs quatre vérités sans précaution oratoire. La seule à les harceler inlassablement, à leur tenir tête, à dénoncer leurs sales manoeuvres et magouilles visant à faire main basse sur tout le pays. La guerre politique et idéologique inexpiable qu’elle leur livre ressemble d’une certaine manière à une guerre de libération en même temps que de civilisation. En ces temps troubles et incertains , où l’abominable spectre de l’islamo-fascisme rôde au-dessus de nos têtes , c’est le seul vrai combat qui vaille car c’est une question de vie ou de mort . Abir Moussi et son parti auront par conséquent besoin du soutien franc et massif de tous les patriotes authentiques et des vrais démocrates laïques pour mener à bon port leur ambitieux projet : écarter la menace islamiste et sauver notre pays d’un naufrage aussi dévastateur qu’irréversible.

Anouar El Fani