Terrible quand son heure de gloire sonne et qu’on ne sait pas la saisir par peur ou par routine ou parfois quand on ne s’en aperçoit même pas . C’est le cas de ce Mechichi qui a raté le triomphe de tout un peuple en nous reconduisant ces éternelles négociations boudourou avec les plus illustres funestes personnages de la Tunisie.
Cela me renvoie au Lundi 17 janvier 2011, trois jours après le 14 . Je débarquais à mon beau et vaste bureau ce jour là attenant à celui du PDG. Je l’ai baptisé le salon des libertés et ouvert à la bande de copains et de potes collègues , toujours qualifiés de « brigade rouge » par l’éternel secrétaire général , président de la cellule destourienne qui ne me portait pas dans son cœur. Bref, ce jour du 17, nous eûmes l’idée lumineuse de rédiger une lettre au PDG lui demandant de s’inscrire dans cet élan révolutionnaire pour être le premier à dissocier politique et administration et de dissoudre la cellule destourienne en transférant la dotation y afférente au fonds social de la CNRPS. Il lut la proposition, tremblotant, ne sachant pas se situer, complètement déboussolé sans repères puis me lança presque me suppliant : C’est peut être pas le moment, tu crois pas Kamel, me dit il d’un ton écrasé qui sentait la peur et la traque, la nudité devant cette bourrasque des libertés qu’il avait du mal à assimiler encore ?
Bref , j’ai dû me résoudre à regagner les potes déçus pour leur entreprise qui n’aura pas la primeur d’être la première à faire un acte hautement politique qui la plongeait littéralement au coeur de la révolution et faisait de son PDG, un héros national porté en triomphe par les médias locaux et même internationaux accourus de la planète entière et qui sillonnaient en bas la place d’Afrique, caméras en mains , à la recherche de scoops.
Deux jours plus tard, Mohamed Ghannouchi ordonnait à toutes les administrations et toutes les entreprises publiques de dissoudre les cellules destourienne en leur sein.
Il m’appela dans son bureau pour m’annoncer la nouvelle . Tu vois Kamel , je te l’avais bien dit d’attendre, haw si Mohamed Ghannouchi, a décidé d’éliminer la cellule destourienne de l’entreprise, de toutes les entreprises.
Sans même lui répondre, je retournais sur mes talons et refermais la porte sur la routine personnifiée de l’administration tunisienne qui a rarement osé. Bête et disciplinée , sans initiative, sans gloire, paralysée , la peur au ventre , en panne de nouveautés et en attente des taalimètes. .
Fadhi Ch’ghol