Le naufrage est général…Ennahdha se réjouit…D’autres lui ont sorti les marrons du feu

Khouanjia en tête, gauche anachronique, démocrates de salon et pseudo-révolutionnaires ensuite, ont poussé la Tunisie vers l’abîme.

Iyadh Ben Achour, Kamel Jendoubi et d’autres qui croyaient bien faire en rompant complètement avec l’ancien système (النظام البائد), ont balisé, dès début 2011, le terrain à ce qu’allaient être l’Assemblée constituante et la Constitution. Ils devaient, pourtant, savoir que seuls les islamistes étaient capables de s’unir en bloc et qu’ils allaient dominer la scène politique. D’ailleurs, sans les maladresses de ces derniers, leur inexpérience, leur hâte à tout noyauter et à totalement contrôler les institutions de l’État et ses rouages, leur cupidité et leurs assassinats qui ont provoqué un vent de révolte parmi la société civile, la Constitution aurait été pire que celle dont certains se targuent encore. D’autant que Ettakattol, à l’image de son chef Mustapha Ben Jaâfar, mou et conciliant, d’un côté et le CPR, identique à son « maître » Moncef Marzouki et à ses perfides acolytes « le Panda » (une insulte, à vrai dire, à ce bel animal) et Hmidène, anti-patriote ou, pour ne pas mâcher nos mots, franchement traître, de l’autre côté, ont apporté, contre des broutilles, une majorité et une légitimité à Ghannouchi et à sa horde qui leur ont permis de tout destructurer, de vider les caisses de l’Etat, d’infester les administrations et les entreprises publiques, de racketter les hommes d’affaires qui avaient peur, en voyant des gens se retrouver en prison, sans véritable grief, d’accorder aux leurs -et de s’accorder- compensations, avantages, couvertures sociales à effet rétroactif (sans un sou de contribution), de se servir sur les aides et les prêts qui arrivaient de l’étranger (n’est-ce pas, Bouchlaka?)… Au point rien qu’entre fin 2011 et fin 2013, ils ont fait subir à la Tunisie des dégâts pires que ceux commis par Sa7eb el 7imar (l’homme à l’âme).

Mais pour leur rendre justice, ne sont-ce pas des démocrates enflammés et des pseudo-révolutionnaires, aidés par des opportunistes aguerris à l’art de retourner leur veste et de crier plus haut que les autres, qui ont fait leur lit, avec des fleurs dessus? La déstructuration du ministère de l’Intérieur et les premières mises à l’écart de ses compétences ne sont pas leur oeuvre. La dissolution du RCD et de ses ramifications, non plus. Idem pour la chasse aux sorcières engagée contre ses cadres et ses compétences qui, du jour au lendemain, de serviteurs de l’Etat, à travers ses institutions et ses administrations, sont devenus inactifs et impuissants face au sacrilège de leur remplacement par des incompétents, parfois des ignorants. Pire, par la volonté de cette gauche et de ces démocrates inconscients, avoir été Rcdéiste est devenu une tare qui annule tout diplôme, toute compétence, tout génie. Ennahdha a continué sur cette voie.

Pourrir l’Etat et affaiblir ses structures sont le credo de ce mouvement qui ne croyait pas à l’offrande qui lui a été faite par ceux qui se revendiquent comme étant ses ennemis. Il doit encore se frotter les mains, en voyant qu’à plusieurs niveaux, d’autres que les siens continuent à décrier et à dénigrer des compétences supérieures de « l’ancien système ». Il ne peut rêver meilleure patte de chat pour lui sortir les marrons du feu.

A commencer par Saied qui s’est, il n’y a pas si longtemps, opposé à la nomination de deux conseillers à la Kasbah, pour la simple raison qu’ils ont été ministres sous Ben Ali. Il s’agit, pourtant, de deux sommités, mondialement reconnues, spécialistes en économie…de crise. Soit, justement, ce dont la Tunisie a plus que jamais besoin, aujourd’hui. Saied préfère, tout comme Ennahdha, mais pour d’autres raisons, des ministres sans poigne ni dimension, encore moins stratégies. Il veut des marionnettes qui se tiennent là où on leur dit de se tenir. Il oublie que si le régime de Ben Ali a compté beaucoup de réalisations, c’est grâce à des compétences qui ont mis leur savoir et leur savoir-faire au service de la Tunisie, en techniciens ou en commis de l’Etat…en patriotes. Pas tous, nous en convenons (Ghariani ou Toubel n’ont, d’ailleurs jamais été des lumières), mais la majorité parmi eux. Taoufik Baccar, Mustapha Kamel Nabli, Mondher Zenaïdi, Mongi Safra, Ahmed Friâa, Hatem Ben Salem…et bien d’autres n’ont rien à voir avec ceux à qui on ne cesse de livrer le sort du pays et qui sont, pour la plupart, des pantins qui se laissent ridiculiser par la rue et par des députés qui les tournent en dérision, s’il ne les utilisent pas comme punching ball, parce que, souvent, sans aura, sans bagage.

Bien entendu, cela sert Ennahdha qui a écrit la Constitution de sorte que le gouvernement, à travers son chef, ait théoriquement le plus possible de pouvoirs, mais qu’i ne peut exercer que s’il est sous sa botte, car c’est le Parlement et sa majorité qui décident de sa survie et de sa mort. Cela explique que pour demeurer, il cède sur tout, encore et toujours. Cela explique, également, comment Youssef Chahed ait osé défier Caied Essebsi et Mechichi Kaïs Saïed en se jetant dans les bras d’Ennahdha, sauf que Mechichi a commis des incongruités en remaniant son gouvernement comme il l’a fait, ce dont son bienfaiteur a profité, pour le mettre dans la situation où il se trouve. Entretemps, le pays s’enlise dans une crise sans précédent, où les médiocres sont au devant la scène, où le savoir, la compétence et l’expérience sont renvoyés aux calendes grecques, où les voyous donnent des leçons du haut de supposées prestigieuses tribunes ou qui le furent, où l’État et ses institutions sont bafoués, où Al Karama ose espérer décider de notre sort.

Ennahdha doit sa puissance à la dispersion des mouvements qui se disent démocratiques, à l’opportunisme des uns, à l’égo des autres et à la corruption d’un bon lot de la majorité de ceux qu’on voit dans le Parlement ou sur les plateaux et de ceux qui se tiennent derrière eux. Tous savent que pour demeurer, ils doivent tout faire afin que les vraies compétences intègres et patriotes restent loin et que la Tunisie n’entame pas un mouvement de redressement. Quitte à mettre leur main dans celle de ceux qu’ils savent être les ennemis de la Tunisie.

L’espoir ne vient, désormais, que du PDL et de sa présidente Abir Moussi qui, par sa persévérance, les valeurs qu’elle défend et son rejet d’Ennahda et de l’Islam politique, est en train de renverser la vapeur et de changer la donne. De quoi tenter l’indépendant invétéré que je suis.

A l’UGTT dont le patriotisme ne fait pas de doute, de soutenir la voie par laquelle le salut a de grandes chances d’arriver. Il n’y en a pas une autre.

Slah Grichi