Le mécanisme de sélection d’un exécutif en Libye a été adopté

Les participants au dialogue politique interlibyen ont approuvé , lundi 18 janvier , un mécanisme de sélection des futurs dirigeants de la transition d’ici aux élections prévues en décembre, a annoncé l’ONU.

Alors que le pays est divisé entre deux autorités rivales, les participants au Forum du dialogue politique libyen (FDPL) avaient trouvé mi-janvier un accord sur « une proposition de mécanisme de sélection d’une autorité exécutive unifiée », selon la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul).

La mission onusienne a indiqué avoir organisé un vote lundi et mardi au cours duquel les membres du FDPL ont été invités à se prononcer sur cette proposition, « qui est passée », 73% des 75 participants libyens du FDPL ayant voté en sa faveur.

« Les Libyens ont désormais une réelle opportunité de (…) choisir un gouvernement provisoire pour réunifier leurs institutions grâce aux élections nationales démocratiques tant attendues », a déclaré l’émissaire par intérim de l’ONU en Libye Stephanie Williams.

« La Manul est en train de finaliser la procédure et les formulaires de nomination ainsi que le calendrier du processus de vote », selon la mission onusienne.

Elle n’a pas fourni dans l’immédiat de détails sur la nature des postes de ceux qui seront désignés dans cet exécutif.

La France s’est « félicitée » de l’adoption de ce mécanisme et a renouvelé son « soutien à la formation d’un exécutif de transition ». Paris a aussi adressé ses « vœux de pleine réussite » au nouvel envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, Jan Kubis.

« M. Kubis peut compter sur le soutien de la France afin de parvenir à un règlement politique de la crise libyenne sous l’égide des Nations unies et de permettre au pays de retrouver son unité, sa souveraineté et sa stabilité, à l’abri des ingérences étrangères », a souligné la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

Mi-novembre à Tunis, Mme Williams avait arraché auprès du FDLP un accord pour l’organisation d’élections « nationales » le 24 décembre 2021, mais pas sur la désignation de l’exécutif pour assurer la transition jusqu’au scrutin et sortir la Libye d’une grave crise politique qui perdure.

En parallèle, une réunion s’est tenue mardi à Hurghada (Egypte) entre d’un côté des membres de la Commission constitutionnelle, chargée de rédiger la future Constitution, et de l’autre une délégation du Parlement, qui siège dans l’Est, et une autre du Haut conseil d’Etat, basé à Tripoli, selon l’ONU.

Elle a discuté « des dispositions constitutionnelles nécessaires à la tenue des élections », selon la même source, qui dit s’attendre aux « résultats des délibérations » d’ici 60 jours.

Des sources diplomatiques ont indiqué à l’AFP que la réunion se poursuivrait jusqu’au 21 janvier.

La Libye est plongée dans le chaos depuis l’intervention des forces de l’OTAN qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Depuis 2015, deux autorités s’y disputent le pouvoir, sur fond d’implications étrangères: le Gouvernement d’union nationale (GNA) à Tripoli, reconnu par l’ONU, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar, homme fort de l’Est.

Après l’échec de l’offensive lancée par le maréchal Haftar en avril 2019 pour s’emparer de la capitale Tripoli, les deux camps ont conclu un cessez-le-feu en octobre et retrouvé le chemin du dialogue, encouragés par l’ONU.

l’ONU salue les discussions constructives pour faire progresser la paix

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a félicité lundi le Comité consultatif du Forum de dialogue politique libyen pour ses discussions constructives lors de sa réunion tenue à Genève du 13 au 16 janvier.

« Le Secrétaire général salue en particulier le rôle décisif joué par les femmes représentantes et les membres du sud du pays pour forger un consensus sur un mécanisme recommandé pour la sélection du pouvoir exécutif, conformément à la Feuille de route adoptée à Tunis en novembre dernier », a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse.

« Le Secrétaire général appelle les membres du Forum de dialogue politique libyen à participer de manière constructive au vote sur le mécanisme de sélection et à avancer sur la voie des élections nationales du 24 décembre 2021 », a-t-il ajouté.

Le chef de l’ONU a réitéré l’appui de l’ONU au peuple libyen « dans ses efforts pour faire progresser la paix et la stabilité ».

Samedi, lors d’une conférence de presse à l’issue des discussions du Comité consulatif à Genève, la Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général pour la Libye, Stephanie Williams, avait également salué les résultats travaux menés, selon elle, « d’une manière admirable ».

« Les membres du Comité consultatif ont vraiment su saisir l’occasion et ils ont assumé leur responsabilité avec un esprit constructif, des efforts de coopération et beaucoup de patriotisme », a-t-elle dit, estimant que le comité était arrivé « au meilleur compromis possible ».

Nomination d’un Envoyé spécial pour la Libye

Par ailleurs, le Secrétaire général a annoncé lundi la nomination de Ján Kubiš ( photo ci-dessus )  , de la Slovaquie, en tant qu’Envoyé spécial pour la Libye et chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL). Ce poste est créé en application de la résolution 2542 (2020) du Conseil de sécurité.

Le Secrétaire général s’est dit reconnaissant « de l’engagement et du leadership remarquable de la Représentante spéciale par intérim, Stephanie T. Williams, des États-Unis, pour faire avancer le processus politique en Libye ».

M. Kubiš, qui occupait le poste de Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le Liban depuis 2019, a de nombreuses années d’expérience dans la diplomatie, la politique de sécurité étrangère et les relations économiques internationales.

Il a auparavant été Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, de 2015 à 2018, et Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, de 2011 à 2015. Il a aussi été Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU), de 2009 à 2011, et Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, de 2006 à 2009.