La victime de Tariq Ramadan s’exprime : «J’avais peur de mourir à cause de ses coups»

 Coup d’envoi ce mardi du deuxième jour du procès de Tariq Ramadan accusé de viol sur une femme en 2008.

 

Ce deuxième jour du procès est notamment consacré à l’audition de la victime présumée, qui accuse l’islamiste , ami de Rached Ghannouchi, de violences sexuelles en 2008. Dieudonné est venu témoigner.

Convoqué par la défense, l’humoriste Dieudonné a fait le déplacement ce matin au Palais de justice en compagnie de son avocat Me Pascal Junod. Résultat dû au calendrier de l’audience: la plaignante s’est donc exprimée, pour la première fois lors du procès, d’abord sur ses liens avec l’artiste avant même de parler du viol qu’elle a dénoncé: «Je suis agente artistique et donc j’ai eu affaire à Dieudonné à l’époque dans le cadre de mon travail mais ce n’est pas un ami. Il y avait un rapport de camaraderie. Peu après les faits me concernant, il est venu me demander si c’était vrai cette histoire avec Ramadan. Il avait les larmes aux yeux en me posant cette question. Je lui ai dit oui. Mais il n’a pas demandé de précisions.»

Dès 2011, les liens entre la plaignante et l’artiste se sont détériorés. «J’étais en désaccord sur deux-trois choses dans ces spectacles. Cela ne m’intéressait plus de travailler avec lui. Plus tard, je n’ai pas apprécié son soutien à Tariq Ramadan après le dépôt des plaintes contre lui.»

Dieudonné en spectacle

À 9 h 30, Dieudonné fait son entrée comme témoin dans la salle. Il est en djellaba bleue. À la hauteur de son épaule gauche est dessinée une carte de l’Afrique. «Vous êtes venu sans avocat», lui demande le président du tribunal. L’artiste se retourne, plisse les yeux et fait mine de chercher son défenseur de la salle déclenchant les rires de l’assistance.

Me Junod fait une entrée remarquée. L’audition débute: «J’ai connu Tariq Ramadan à mes spectacles et dans des rassemblements sympathiques. C’est plutôt un ami.» Quid de ses liens avec la plaignante? «Je l’ai connue dans le cadre du travail. Je n’ai pas entretenu de relations avec elle en dehors du travail. J’ai changé de producteur suisse et je l’ai moins vue.»

«Je n’imagine pas Tariq Ramadan capable des actes qu’on lui reproche» Dieudonné

Le Tribunal lui présente une lettre anonyme accusant la plaignante de s’être vantée d’avoir eu une relation d’un soir avec Tariq Ramadan: «À l’issue d’un spectacle, Brigitte et moi nous discutions en groupe de nos enfants métis. Puis, le nom de Tariq Ramadan est arrivé dans la conversation. J’ai compris avec stupéfaction qu’il y avait eu une relation entre elle et Tariq Ramadan. Un de mes techniciens a dû la pousser pour qu’elle parle de cela. Elle a dit à un moment donné que c’était le coup d’un soir. Je l’ai sentie un peu gênée. Elle ne s’en est pas vantée.» Dieudonné situe ces faits vers 2017-2018.

En revanche, le témoin conteste avoir su qu’il y avait eu «un problème avec Tariq Ramadan» et d’en avoir parlé à Brigitte: «J’étais au courant de l’histoire du coup d’un soir mais pas d’une histoire d’agression ou de viol.» Et d’ajouter: «Je n’imagine pas Tariq Ramadan capable des actes qu’on lui reproche. Je crois dans l’innocence de Tariq Ramadan». L’audition de l’humoriste finit peu avant 11h.

Reprise de l’audience à 11h20. Tariq Ramadan prend la parole pour dénoncer l’irruption durant la pause d’un homme qui a menacé son fils devant le tribunal: «Un homme, en contact permanent avec la plaignante, qui est sous contrôle judiciaire». Ce dernier a été interdit d’entrée au Palais de justice.

«J’avais le visage en feu»

L’audition de la plaignante reprend cette fois sur le viol dénoncé. Le président l’interroge en détail sur la plainte. «Pendant qu’il me frappait la tête, il se tenait à califourchon sur moi et me pénétrait vaginalement. Avec des coups sur la tête et des insultes. J’avais peur de mourir à cause de ses coups. J’avais le visage en feu. Ce n’est pas tant la force des coups mais le nombre des coups reçus. Par la suite dans la nuit, j’avais peur de mourir d’étouffement qui provenait de la fellation.»

Le président insiste et revient sur les propos de l’ex-maîtresse de Tariq Ramadan parlant lundi de sodomie forcée subie par Brigitte: «Je n’ai pas parlé de sodomie quant à moi. Il aurait fallu lui poser la question à elle.»

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