Vous ne pouvez pas multiplier la richesse en la divisant

Le rôle de toute économie est de créer de la richesse, de la multiplier. Une économie qui fonctionne normalement doit générer de la croissance, créer des emplois et créer de la richesse. Notre économie semble avoir abandonné ces trois rôles. En effet le taux de croissance économique effectif moyen réalisé depuis 2011 avoisine zéro. Le taux de chômage a flambé pour passer de 13% environ en 2010 à plus de 16% actuellement. Nous n’avons donc pas créé de nouveaux emplois, nous avons détruit des emplois. Nous n’avons pas créé de richesses nouvelles, nous avons détruit des richesses. Mais entre-temps le salaire moyen dans la fonction publique a augmenté de plus de 8% par an en moyenne entre 2011 et 2021. Le salaire moyen dans le secteur privé a augmenté de plus de 6% en moyenne par an entre 2011 et 2021.

D’où proviennent ces augmentations? Comment ont-elles été financées?

Il n’y a pas plusieurs réponses à ces questions. Ces augmentations de salaires accordées (ou obtenues) ne proviennent pas d’une création de richesses nouvelles. Elles ne peuvent donc provenir que d’une division de richesses existantes, ce qui se traduit par un appauvrissement général. En effet ces augmentations ne peuvent provenir que de deux sources possibles:

– en prélevant les montants sur des richesses créées ou revenant à d’autres intervenants dans le circuit économique. Et là il pourrait s’agir de l’état, des entreprises ou d’autres citoyens. Ce qu’une personne reçoit sans travailler, une autre personne doit travailler sans recevoir. Et le gouvernement ne peut rien donner à qui que ce soit sans d’abord le prendre à quelqu’un d’autre.

– en finançant ces augmentations de salaires par de la dette intérieure ou extérieure. Là aussi les augmentations de salaires se font par une division des richesses existantes ou potentielles, et non par la création et donc la multiplication des richesses. Et cela se traduit malheureusement par une accumulation de dettes supplémentaires.

Vous ne pouvez pas multiplier la richesse en la divisant.

Il faut se rappeler à ce propos du fameux mensonge avancé par certains responsables politiques ou syndicaux et rappelé souvent par certains journalistes: « il faut acheter la paix sociale ». Ce mensonge a coûté horriblement cher au pays. La paix sociale ne s’achète pas, et ne se vend pas. Elle se construit par des politiques bien réfléchies et bien mises en oeuvre, par des politiques qui visent à multiplier la richesse en la créant, et non pas en la divisant. La simple division de la richesse crée des injustices sociales, se traduit par de l’inflation, par de l’accumulation de dettes et par une série de déséquilibres économiques et financiers.

Quand la moitié des gens ont l’idée qu’ils n’ont pas besoin de travailler parce que l’autre moitié va s’occuper d’eux, et quand l’autre moitié a l’idée que ça ne sert à rien de travailler parce que quelqu’un d’autre va obtenir ce pour quoi ils travaillent, c’est le début de la fin de toute la nation.

Il faudrait donc vite changer de paradigme et concentrer nos efforts sur les réformes nécessaires au lieu de continuer à quémander et à courir derrière toutes les formes de crédits intérieurs et extérieurs qui vont intensifier la division de la richesse au lieu de promouvoir la multiplication de la richesse.

Ezzeddine Saïdane