Tunisie : C’était hier …mais ce sera encore possible demain

La Tunisie vient tout récemment de rembourser l’emprunt contracté en 2005 sur le marché financier international .C’était la deuxième sortie sur le marché́ financier international que je conduisais en tant gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, en compagnie de cadres valeureux et dévoués à la Tunisie tels que Samir Brahimi, Habib Sfar, Mohammed Salah Souilem, Brahim Hajji et d’autres. Et c’était exactement comme je l’ai dit il y a de cela 15 ans, un véritable vote de confiance dans la rigueur de la gestion économique et financière de la Tunisie : une offre de 1500 millions d’euros pour une demande de seulement 300, soit cinq fois plus, un niveau qui a dû être porté à 400 millions compte tenu des bonnes conditions financières (un spread de 107 points de base soit 1,07% en termes de taux pour une maturité, excusez du peu, de 15 ans).
La Tunisie était alors notée « B aa2 » par l’agence de notation Moody’s, « BBB » par S&P et Fitch, soit 7 crans de plus qu’aujourd’hui. En fait, la notation actuelle nous ramène à l’avant 1994, date de l’entrée de la Tunisie au marché́ financier international et l’obtention de son grade Investissement.
Quel gâchis : d’abord, une perte d’un quart de siècle de travail profond mené́ par des patriotes qui n’ont d’autre motivation que de servir leur pays ; ensuite, de lourds dommages collatéraux, notamment des coûts supplémentaires ô combien prohibitifs et des pertes d’opportunités réelles et durables de développement, de bien-être et de paix sociale.
Le temps est venu de parer à la déficience qui a marqué dix ans durant la gestion de la position et de l’image de la Tunisie sur ces marchés et cela ne saurait se faire qu’en arrêtant une feuille de route de réformes ,en entamant son exécution afin de restaurer la crédibilité de ce pays et en s’entournant des vraies compétences capables de redorer le blason de ce pays .
Et fort heureusement il y en a encore .

Taoufik Baccar