Méchichi nous conduit à la barre de 20.000 mort

Lettre ouverte à Hichem Mechichi

Pour t’avoir connu de près et parce que tu as bafoué le peuple, le pays et les valeurs républicaines, je t’appellerai par ton prénom et te tutoierai.

Tu es diplômé de l’ENA, comme des centaines, voire des milliers d’énarques dont j’ai connu plusieurs qui étaient exceptionnellement brillants, perspicaces, dévoués et professionnels, mais tu n’en fais pas partie. Ta carrière en tant que chef de cabinet dans les différents ministères où je t’ai croisé était des plus insipides ! Ton CV, rapporté à ton poste actuel, en est le meilleur témoin.

Par un hasard heureux pour toi, malheureux pour les Tunisiens et la Tunisie, tu as été propulsé à la primature, au prix d’une manœuvre d’un président extraterrestre à la recherche d’un chef de gouvernement obéissant et dévoué, obsédé qu’il était par le désir de contrôler l’ensemble de l’exécutif, rééditant ainsi le modèle de Béji et Chahed. Sur les traces de ce dernier qui n’a pas tardé à se retourner contre Béji, tu as reproduit son mode opératoire.

Suite à cette malheureuse nomination, je t’avais prédit l’échec total car le poste est très démesuré pour tes compétences. Tu avais le choix de faire comme Ben Ali qui, conscient de ses limites, s’était globalement entouré de bons ministres ; mais tu avais opté l’autre voie : choisir des ministres pour la plupart incompétents, aussi avides que toi de sortir de l’ombre, pour former le gouvernement le plus catastrophique qu’ait jamais connu la Tunisie.

Dès le départ, tu as compris qu’il te fallait une majorité parlementaire pour ton investiture. Tu n’as pas tardé à chercher l’appui du gourou et de ses acolytes et tu t’es même vanté de les appeler « mon oreiller politique » qui n’a pas hésité à te spolier jusqu’à la moelle ! Nabil Karoui n’a-t-il pas déclaré à la veille du vote de confiance : « nous allons voter pour le gouvernement Mechichi, mais on s’est entendu pour qu’il remplace 6 ou 7 ministres dans les deux mois qui suivent » ?!

Loin de défendre Kais Saied qui doit assumer ses choix désastreux dont tu fais partie, tu lui as tourné le dos dès l’investiture et plongé ainsi le pays dans une grave crise politique dont elle ne se remettra qu’avec le départ des trois têtes politiques du système bâtard créé par la constitution de 2014.

Quatre mois plus tard, tu as opéré un remaniement ministériel important, sans nous expliquer son bien fondé, oubliant au passage qu’un remaniement aussi important après quatre mois est un aveu d’échec cuisant dans les choix initiaux ! Rejeté par le chef de l’Etat, ce remaniement a réduit ton gouvernement à une équipe d’intérimaires qui peinaient déjà à diriger leur ministère respectif et se sont vu « infliger » un deuxième pour une période indéterminée ! Toi-même tu assures l’intérim de l’Intérieur, situation qui te plaît puisqu’elle te permet de contrôler le dispositif sécuritaire et de verrouiller le pays à ta guise, comme en témoigne le siège imposé au Bardo le jour de présentation de ton gouvernement remanié devant l’ARP. Mais qu’importe, l’essentiel est de te maintenir au poste le plus longtemps possible, grisé par le pouvoir et alléché par les avantages liés au poste. Et à partir de là, le président et toi n’avez pas arrêté de multiplier les déclarations, chacun rejetant la responsabilité de la crise sur l’autre. Sachez tous les deux que le citoyen lambda n’a rien à cirer de vos querelles byzantines, lui qui a du mal à joindre les deux bouts devant l’escalade vertigineuse du coût de la vie et l’incertitude sanitaire qui lui est imposée par ta gestion catastrophique de la pandémie.

Ainsi, et au moment où l’on s’achemine vers la barre des 20.000 victimes, à cause de ta stratégie défectueuse et de ta gouvernance calamiteuse, tu trouves le moyen, dans un accès populiste exécrable, d’envoyer les jeunes se masser le jour de l’aïd devant les centres de vaccination, pour n’en vacciner que le 1/20ème selon les observateurs dignes de foi, mais dont les conséquences néfastes ne tarderont pas à se manifester. En maître imposteur, tu n’as pas hésité à nous servir le grotesque mensonge que tu n’étais pas au courant de cette campagne ! No comment.

On gouverne par la clairvoyance, l’empathie et la sincérité ; on ne gouverne pas par le déni, le mépris, le mensonge et la fuite en avant !

Adel Ben Amor