Le chef de la diplomatie allemande constate que le « printemps arabe » a échoué

Selon le chef de la diplomatie allemande, Berlin a donné plus de 750 millions d’euros «pour édifier des institutions démocratiques» dans les pays où s’est déroulé le printemps arabe, jugeant que les changements politiques prendraient «des années».

Interrogé vendredi 23 avril lors d’un événement intitulé EuropaCamp portant sur «l’héritage du printemps arabe», le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a déclaré que l’Allemagne avait à elle seule fourni depuis dix ans une aide de plus de 750 millions d’euros aux pays où ont eu lieu ces contestations populaires, afin que ceux-ci «construisent des institutions démocratiques».

«Je pense que l’Allemagne à elle seule a mis à disposition plus de trois quarts de milliard d’euros au cours de ces dix années pour édifier des institutions démocratiques», a ainsi fait savoir le chef de la diplomatie allemande, qui était interrogé sur ce qu’aurait pu faire l’Occident pour que les printemps arabes aient une issue, selon lui, plus positive.

Car d’après Heiko Maas, le mouvement s’est soldé par un échec : «C’était un progrès accompagné de grands espoirs de démocratisation dans beaucoup de pays arabes. Aujourd’hui, dix ans plus tard, le rappel à la réalité est brusque. Si je me base sur les attentes de ceux qui sont descendus dans la rue, alors je dois dire que ça a certainement échoué.»

«Ces processus prennent des années. Croire que suite à des manifestations un système qui a perduré pendant des décennies et des siècles peut être modifié en quelques années, c’est illusoire», a précisé le membre du gouvernement d’Angela Merkel, justifiant ainsi le soutien financier apporté par son pays depuis une décennie.

En décembre 2010 naissait en Afrique du Nord et au Moyen-Orient le «printemps arabe», un mouvement de contestation qui s’est rapidement propagé dans une dizaine de pays. Des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue pour exiger des réformes sociales, économiques et politiques. Les conséquences ont modifié le paysage géopolitique de la région avec des changements de gouvernements, le départ de chefs d’Etats (comme en Tunisie, en Egypte et au Yémen) et des guerres civiles en Syrie, en Libye et au Yémen.