L’agence Moody’s abaisse la note de la Tunisie de B1 à B2

L’agence de notation internationale  Moody’s a abaissé la note souveraine de la Tunisie de B1 à B2 avec perspectives stables. Les principales raisons de cette dégradation sont les prévisions de Moody’s selon lesquelles l’érosion des réserves budgétaires et des réserves de change ne s’inversera pas de manière significative au cours des prochaines années.

Par ailleurs, Moody’s a également abaissé la note de la dette libellée en devises de la Banque centrale de Tunisie (BCT) de B1 à B2 et a ramené la perspective de stable à négative. L’agence a rappelé que le gouvernement tunisien est légalement tenu responsable du paiement de toutes les obligations émises par la BCT.

La perspective stable reflète les prévisions de Moody’s selon lesquelles les indicateurs de crédit de la Tunisie resteront conformes à la note B2. « L’assainissement budgétaire est en cours et atténuera la hausse du fardeau de la dette publique, tandis que la reprise de la demande extérieure pour les services, l’industrie et l’agriculture aidera à réduire lentement le déficit courant, empêchant une nouvelle érosion des réserves de change », estime l’agence.

La perspective stable reflète également l’hypothèse de Moody’s selon laquelle la Tunisie continue d’atteindre les objectifs du programme du FMI, assurant la continuité des décaissements prévus du secteur officiel que le gouvernement s’attend à couvrir près de 50% des besoins de financement budgétaire.

Par ailleurs, Moody’s prévoit que la dette publique atteindra 73% en 2019, contre 70,2% en 2017 et 61,9% en 2016. Les projections partent du principe que le déficit se rétrécit progressivement pour atteindre 4,9% du PIB en budget approuvé, suivi de 4,6% en 2019, après 6,1% en 2017. En particulier, le budget 2018 a introduit une augmentation de 1 point de pourcentage du taux de TVA et vise à contrôler l’importante masse salariale du gouvernement.

« Avec un gel effectif de l’embauche et une retraite anticipée dans le secteur public, combiné à des augmentations salariales modérées cette année, cette trajectoire d’assainissement budgétaire entraîne une réduction de la masse salariale à 14,2% du PIB en 2018, contre 14,7% en 2017. En vertu d’un accord pluriannuel entre le gouvernement et les principaux syndicats, le gouvernement s’attend à ce que la part des salaires baisse à 12% du PIB d’ici 2020 », précise Moody’s.

Et d’ajouter que le fardeau de la dette de la Tunisie reste exposé à la matérialisation des engagements conditionnels liés aux garanties sur les dettes des entreprises publiques (EP) qui représentent environ 13% du PIB. « Plusieurs entreprises publiques restent déficitaires et dépendent de transferts budgétaires qui représentent 2% à 2,5% du PIB par an ».

De plus, la structure de la dette publique tunisienne pèse sur la solidité fiscale. Avec plus de 65% de la dette publique libellée en monnaie étrangère, la trajectoire de la dette est susceptible de subir une forte dépréciation du dinar tunisien. En outre, un marché de financement national limité implique que le gouvernement dépend de plus en plus de la volonté des investisseurs étrangers, prêteurs officiels et marchés des capitaux, de financer ses besoins d’emprunt.

« Le recours accru aux marchés financiers pour financer les besoins d’emprunt du gouvernement sous-tend l’augmentation du ratio intérêts / revenus, qui devrait atteindre 11,5% en 2019, contre 9,4% en 2017 », estime l’agence.

Selon Moody’s, la vulnérabilité extérieure de la Tunisie est élevée, avec un large déficit du compte courant largement financé par la dette et pesant sur l’adéquation des réserves de change. « La dynamique des comptes courants a continué de se dégrader en 2017, ce qui s’est traduit par un déficit de 10,4% du PIB contre 8,8% en 2016. Les réserves de change ont encore diminué pour s’établir à 77 jours au début de mars 2018 ».