Inconscient Méchichi

Que fait donc Mechichi? Décide-t-il du sort du peuple en en étant isolé et sans avoir, réellement et préalablement, pesé le pour et le contre des choses, ou quoi?

Passe qu’il ait interdit les marchés hebdomadaires (à ciel ouvert) et épargné les espaces fermés des marchés et les grandes surfaces… Passe encore qu’il ait fermé l’oeil sur les foules qui se rassemblent et s’écrasent dans les transports en commun et devant les bureaux de poste… Mais s’il a jugé bénéfique un couvre-feu à 19h, malgré tout ce que cela représente comme conséquences fâcheuses, c’est que NORMALEMENT, les risques qu’encourt la population est beaucoup plus grave que les désagréments que subiraient certains secteurs par cette décision. Et là, il aurait fallu leur prévoir un dédommagement conséquent et, en aucun cas, se rétracter. D’autant qu’avec son armada de comités, de commissions et d’experts dans toutes les disciplines, c’est lui qui dispose des statistiques, des analyses et, par conséquent, de la latitude du jugement logique et scientifique.

L’enfant prodigue de Saïed se plie

Seulement et comme tout « fils prodigue », il est resté, quelque part l’enfant de son géniteur, car dès que Kais Saïed a, finalement, daigné lui parler pour l’inviter à revoir ce couvre-feu, il s’est empressé d’obtempérer, dénigrant son ministère de la Santé et tous les intervenants dans cette pandémie du Coronavirus que nous payons pour prendre les mesures et les initiatives à même de nous en préserver.

Ce faisant, il s’est montré fautif en amont comme en aval. Il a, en effet, reconnu que son premier choix était inconsidéré, pour ne pas dire nul. La preuve, c’est qu’il a vite fait marche arrière. Et d’un.
De deux, le fait que cela se soit produit sur le « conseil » du chef de l’Etat, alors que c’est lui qui détient le pouvoir de décision, Mechichi a envoyé un très mauvais message quant à sa réelle capacité et à ses moyens intrinsèques pour gérer les affaires du pays. Effectivement, il a renvoyé l’image d’un homme sans personnalité, faible, apte à dire et à faire une chose puis son contraire et, surtout, d’un homme tel que l’a voulu Saïed, c’est à dire rien qu’un Premier ministre à lui, qui exécute ce qu’il lui dicte. Dans le conflit qui les oppose à la tête de l’Exécutif, le locataire de Crathage l’a mis à genoux.

Certes, les avertis savent que la vraie sommation pour la révision du couvre-feu est venue, également hier, de Tataouine où Taboubi, le secrétaire général de la redoutable UGTT, a fustigé l’extension du couvre-feu, mais le fait est là, pour le commun de l’opinion publique, le maître est Saïed, l’élève Mechichi. La ceinture politique qui le tient s’en est, elle aussi, ressentie et il serait fort à parier qu’elle cassera bientôt, d’autant que le novice Hichem, croyant jouer au plus fin, n’a cessé de répéter que la révision du couvre-feu est venue à la demande du président de la République, à l’évidence pour lui faire endosser la responsabilité, en cas de « catastrophe » (poussée des contaminations et des décès). Sauf que catastrophe ou pas, Mechichi n’a fait que reluire son cartable et son tablier d’élève qui obéit à son maître, car le responsable sera toujours lui, puisque libre de décider. Limité, on le savait…Mais à ce point jamais.

22H, on se paie la tête de qui?

Dépassons cette guerre « filiale » et voyons ce qu’a proposé Mechichi aux Tunisiens pour que cafetiers et autres commerces nocturnes ne soient pas lésés. Un couvre-feu à 22h, a-t-il décrété. La tête de qui se paie-t-il? Calculons: rupture du jeûne entre 19 et 19h30 pendant tout le mois de Ramadan, puis séance thé-télévision…disons que les gens commencent à sortir à partir de 20h30. Je laisse à mes amis, réels et virtuels, le loisir d’imaginer l’encombrement et les rassemblements qui vont avoir lieu, pendant la tout juste petite heure (il faut penser à rentrer avant 22h) qui est accordée aux commerçants pour ne pas subir les foudres économiques de la crise et aux citoyens pour sortir et, accessoirement, faire leurs emplettes, car ils ont quand même la journée pour le faire. Allons donc Si Mechichi, un peu de bon sens. Ce que vous faites tourne au ridicule, sinon à une initiative calculée et préméditée de contamination générale. Maintenez le couvre-feu ou annulez le carrément. Laissez les artistes et les acteurs de la culture travailler, en sensibilisant les gens à sortir le moins possible et en imposant les mesures de prévention. Ce serait la solution la plus opportune. Votre malheur c’est que, désormais, quoi que fassiez, vous êtes condamné à être toujours en mauvaise posture. Nous en sommes conscients.1

Slah Grichi