Le chef de la diplomatie américaine se rend au Proche-Orient pour « consolider » le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, un objectif a minima bien loin du véritable effort diplomatique qui serait nécessaire pour ressusciter la « solution à deux Etats » que Joe Biden dit pourtant défendre.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken partira lundi 24 mai pour le Moyen-Orient afin de rencontrer les dirigeants israéliens et palestiniens, quelques jours après le début du cessez-le-feu qui a mis fin à 11 jours d’affrontements entre Israël et le groupe islamiste palestinien du Hamas.
Antony Blinken se rendra à Jérusalem et à Ramallah, avant de se rendre au Caire et à Amman où il rencontrera le président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi et le roi Abdallah de Jordanie, a précisé le département d’État.
La visite, annoncée par le président américain Joe Biden, intervient dans le cadre des efforts diplomatiques visant à mettre un terme à la pire flambée des combats entre Israël et le Hamas depuis un an.
«M. Blinken rencontrera les dirigeants israéliens pour leur parler de notre engagement inébranlable envers la sécurité d’Israël. Il poursuivra les efforts de notre administration pour reconstruire les liens et le soutien au peuple et aux dirigeants palestiniens après des années de négligence», a déclaré Joe Biden dans un communiqué publié par la Maison Blanche.
Blinken discutera également «de l’effort international visant à garantir que l’aide immédiate parvienne à Gaza d’une manière qui profite à la population locale et non au Hamas, et de la réduction du risque de nouveau conflit dans les mois à venir», a ajouté le président américain.
Un haut responsable du département d’État a précisé sous couvert d’anonymat qu’Antony Blinken s’attachera principalement à garantir le maintien d’un cessez-le-feu fragile entre Israël et les Palestiniens.
Les objectifs sont donc fixés, et ils sont très limités.
Dans la foulée du cessez-le-feu, Joe Biden et Antony Blinken ont réaffirmé leur soutien à la « solution à deux Etats », israélien et palestinien, appuyée par la communauté internationale mais boudée par l’administration Trump et renvoyée aux calendes grecques par le nouveau gouvernement américain avant la crise des dernières semaines.
« C’est la seule solution », a plaidé vendredi le président américain. La veille, il avait vu dans le cessez-le-feu « une vraie opportunité d’avancer ».
Ces déclarations ont pu donner l’impression que l’administration Biden, qui avait clairement fait comprendre en début de mandat qu’elle n’entendait pas s’impliquer en faveur d’un processus de paix israélo-palestinien inexistant et peu susceptible d’être ravivé, allait finalement en faire une priorité.
La feuille de route d’Antony Blinken suggère l’inverse: le communiqué du département d’Etat et celui de la Maison Blanche ne font même pas référence à la « solution à deux Etats ».
« Notre priorité est vraiment avant tout de faire en sorte que le cessez-le-feu tienne », a dit à des journalistes un haut responsable américain avant le départ du secrétaire d’Etat, jugeant « prématurées » toutes visées plus ambitieuses.
« Nous voulons des mesures concrètes pour améliorer la qualité de vie des gens, améliorer leur liberté, améliorer leur sécurité et améliorer leur prosperité », a-t-il ajouté. « Nous pensons que, dans l’immédiat, c’est ce qui est faisable et c’est ce qui est important. »
Une stratégie de petits pas pragmatiques, donc, qui n’est toutefois pas dénuée de problèmes.
Pour « améliorer » la vie des Palestiniens, et tourner la page de l’ère Trump qui s’est traduite pas la fermeture du robinet d’aide américain, Washington promet de contribuer et encourager l’assistance à la bande de Gaza, l’enclave palestinienne déjà sous blocus israélien depuis près de 15 ans et ravagée par le dernier conflit.
Mais cette aide doit « profiter à ses habitants et pas au Hamas », a prévenu Joe Biden.
C’est tout le « défi », reconnaît le haut responsable américain. Les Etats-Unis considèrent le mouvement comme une organisation terroriste, et Antony Blinken ne pourra donc pas se rendre à Gaza pour constater les dégâts.
L’idée est de passer par l’ONU et l’Autorité palestinienne, et mise sur le fait qu’en conférant à cette dernière un rôle-clé dans la reconstruction, elle pourra « réintégrer d’une certaine manière Gaza, ce qui, nous l’espérons, pourrait contribuer à créer les conditions pour aller vers une situation plus stable », a expliqué ce responsable.