Washington et Londres interdisent les ordinateurs en cabine dans les avions en partance de huit pays musulmans

saoudia airline etats unisWashington et Londres ont décidé mardi 21 mars d’interdire ordinateurs portables et tablettes en cabine, sur les vols en provenance de plusieurs pays arabes et de Turquie , tous musulmans .

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé leur décision d’interdire les ordinateurs portables et les tablettes dans les cabines sur les vols directs en provenance de pays arabes et de Turquie, invoquant un risque d’attentats « terroristes ». Les Etats-Unis vont appliquer ces mesures à partir de samedi à huit pays, tous alliés ou partenaires de Washington : la Jordanie, l’Egypte, la Turquie, l’Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, les Emirats arabes unis et le Maroc. Le Royaume-Uni applique ces restrictions à la Turquie et cinq pays arabes : le Liban, la Jordanie, l’Egypte, la Tunisie et l’Arabie saoudite.

Risque d’Attentat ?

Les Etats-Unis ont évoqué un risque d’attentat. « L’examen de renseignements indique que des groupes terroristes continuent de viser le transport aérien et cherchent de nouvelles méthodes pour perpétrer leurs attentats, comme dissimuler des explosifs dans des biens de consommation », a ainsi expliqué un responsable américain.

D’après la chaîne CNN, qui cite un cadre de l’administration Trump, cette décision serait liée à une menace émanant d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), la branche du groupe djihadiste au Yémen. A Londres, le ministre des Transports Chris Gayling a fait allusion, dans une déclaration écrite au parlement, à une « menace terroriste en constante évolution ». Le porte-parole du gouvernement s’est de son côté contenté d’évoquer « la sécurité des voyageurs », sans plus de détails.

Début 2016, un attentat kamikaze avait été perpétré dans un avion de ligne de la compagnie somalienne Daallo Airlines devant relier Mogadiscio à Djibouti. L’auteur de l’attentat avait caché une bombe dans un ordinateur portable. Le fuselage de l’avion avait été perforé, obligeant le pilote à atterrir en urgence.

D’autres pays vont suivre ?

Une source chez Air France-KLM explique à L’Express qu’aucune décision n’a été prise. « Nous ne sommes pas concernés car il s’agit pour l’instant que de vols directs au départ de ces destinations. C’est la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) qui autorité sur de telles décisions. »

En revanche, la France y réfléchit. Un porte-parole de la DGAC ,cité par l’AFP , a déclaré que pour l’instant, « rien n’a été décidé ni arbitré pour ce qui est de la France. Il y a une analyse du risque qui est en cours par les services compétents en matière de sûreté aérienne, et également des discussions interministérielles en cours qui détermineront si mesures il y a ou pas ».

« La tendance actuelle serait de ne pas appliquer une telle disposition en France », déclare au journal l’Express une source aéroportuaire. « Mais, même si les pays ont la possibilité d’adopter une réglementation particulière, ce serait l’Europe qui déciderait d’accepter ou non les ordinateurs portables en cabine », précise-t-elle.

L’Australie et le Canada n’écartent pas de faire de même que les américains et les britanniques

Nouvelle discrimination contre les pays musulmans?

Cette mesure rappelle évidemment le « muslim ban » mis en place à deux reprises par l’administration Trump et bloqué à chaque fois par la justice américaine. « Ce gouvernement utilise constamment la ‘sécurité nationale’ comme moyen de discrimination envers les musulmans et nous craignons que cette dernière décision ne soit pas différente », s’est inquiétée Naureen Shah, directrice d’Amnesty International aux Etats-Unis.

Mais cette mesure ne cible pas des particuliers mais des compagnies aériennes et des vols. A ce titre, même des citoyens américains et britanniques en feront les frais. Plusieurs compagnies britanniques sont mêmes concernées sur certains de leurs vols : British Airways et EasyJet notamment. Contrairement à son décret anti-immigration, qui avait été très critiqué, Donald Trump a reçu le soutien de certains de ses alliés ainsi que des Démocrates américains sur ce dossier.