Une cinquième plainte pour viol vise le khouanji Tariq Ramadan à Genève

C’est en Suisse cette fois . La Tribune de Genève rapporte dans son édition du 13 avril qu’une Suissesse, dont l’identité n’a pas été révélée, demande à la justice helvétique de poursuivre Tarik Ramadan pour l’avoir violée et retenue contre son gré pendant plusieurs heures dans une chambre d’hôtel de Genève en 2008.

Les dénonciations s’accumulent contre l’islamiste khouanji égypto-suisse controversé, Tariq Ramadan, 55 ans. Après trois plaintes pour viol le visant en France et une quatrième aux États-Unis pour agression sexuelle, une cinquième surgit en Suisse. Elle a été déposée vendredi 13 avril auprès du Ministère public de Genève, dans sa ville natale. Une Suissesse l’accuse de séquestration, contrainte sexuelle et viol avec la circonstance aggravante de la cruauté. L’agression de plusieurs heures se serait produite en 2008, soit avant les quatre autres. Le témoignage de cette femme, âgée d’une quarantaine d’années à l’époque, est retranscrit de manière détaillée dans un document de treize pages que le journal la «Tribune de Genève» a pu consulter.

Brigitte – appelons-la ainsi – retrace le chemin qui l’a conduite jusqu’à Tariq Ramadan. Confrontée à des difficultés familiales, cette femme s’intéresse à celui qui a grandi près de chez elle avant de devenir une figure de l’islam. Convertie à l’islam , elle appréciait ses positions sur un «islam non clanique et non patriarcal», croyait-elle à l’époque, mais aussi son «côté antisystème, tiers-mondiste et humaniste». Cet engagement a d’ailleurs valu à Tariq Ramadan des soutiens politiques dans la Cité de Calvin pendant des années.

Il m’a alors basculée sur le lit (…) et est tombé sur moi

Brigitte le rencontre pour la première fois lors d’une dédicace à Genève, puis assiste peu après, en septembre 2008, à l’une de ses conférences, où il lui transmet sa carte de visite. Elle affirme correspondre ensuite avec lui par le biais de Facebook et MSN, l’ancêtre de Messenger. «Il se montrait parfois taquin, pouvant ainsi me traiter par exemple de «coquine», et j’étais séduite», reconnaît-elle dans le document.

Quelques semaines plus tard, elle souhaite assister à une autre conférence qu’il donne à Genève, mais l’événement est privé. L’intellectuel lui propose alors «d’aller boire un café». L’occasion de bénéficier d’une synthèse, pense-t-elle. Le jour venu, le 28 octobre, fatiguée, elle renonce à l’idée. Pourtant, il l’appelle vers 19 h 15, insiste et lui demande de le rejoindre dans un hôtel de la Rive droite, à Genève. Sur place, il lui fait savoir qu’il l’attend dans sa chambre. Elle refuse de monter et le retrouve dans une salle de dîner. Au cours de cet échange «cordial», discutant de connaissances en commun, une remarque l’étonne: «Il m’a indiqué avoir de sérieuses raisons de penser que j’étais des RG.» L’abréviation des Renseignements généraux français, ces années-là.

Par la suite, le fameux Tariq réclame au réceptionniste un fer et une planche à repasser, en prévision d’une émission de télévision le lendemain. Brigitte l’aide à monter le matériel dans sa chambre. Passé la porte, tout bascule très vite. «M.Ramadan s’est baissé pour brancher ou débrancher un appareil. Je me trouvais alors derrière lui (…). Au moment où il s’est redressé, son visage s’était transformé. Il m’a alors basculée sur le lit (…) et est tombé sur moi. Je lui ai immédiatement demandé d’arrêter.»

«Occupe-toi de ton homme!»

La panique l’envahit. «Je n’ai pas crié, de peur qu’il me frappe. Il s’est mis à m’insulter (…) J’ai eu peur de mourir. J’étais terrifiée et paralysée.» Durant des heures, raconte-t-elle, Tariq Ramadan son agresseur , l’a contrainte à des actes sexuels. Elle dit s’être débattue. Ces mots restent gravés dans sa mémoire: «Il me disait qu’il y avait deux catégories de femmes qui refusaient d’embrasser: les prostituées et les espionnes. Il m’a alors redemandé si j’étais des RG.» Elle précise avoir reçu des gifles à plusieurs reprises. Pétrifiée, elle n’a pas osé appeler au secours, allant jusqu’à faire la morte. «J’avais l’espoir qu’il s’endorme pour pouvoir m’enfuir.»

Cette nuit-là, son téléphone n’a pas arrêté de biper. «Chaque fois que je tendais la main vers mon portable, il m’attrapait la main et me disait: «Occupe-toi de ton homme!» Elle n’a pu quitter la chambre que vers 6 h 30, ayant eu une occasion de s’enfuir. Sous le choc après cette nuit blanche, Brigitte a songé à porter plainte, avant de se raviser, par peur. Elle a préféré se confier quelques jours plus tard à une journaliste romande connaissant l’islamiste. Ce dernier l’a appris, affirme-t-elle, et a très mal réagi. Brigitte a continué à correspondre quelque temps avec lui, «dans l’espoir de comprendre son geste, dans l’espoir qu’il s’excuse». Il continuait à lui dire qu’elle était des RG et qu’elle l’avait détruit.

La plaignante dit garder encore des séquelles psychologiques de l’agression. Pendant toutes ces années, elle a pris soin de conserver, parmi d’autres éléments, des copies d’écran, attestant selon elle qu’il était bien son interlocuteur. Pourquoi agit-elle maintenant, plusieurs mois après des révélations successives dans les médias, dont celles d’anciennes élèves genevoises du «  »professeur » Tariq Ramadan? Sa motivation est née du courage des autres victimes qui se sont exprimées, indique-t-elle dans le document.

Contactée, la Suissesse tient à garder le silence et requiert le strict respect de son anonymat. Son avocat genevois, Me Romain Jordan, confirme le dépôt d’une plainte pénale, sans faire aucun autre commentaire à ce stade.

Quelles seront les prochaines étapes de la procédure? Le Ministère public genevois devra inévitablement entendre Tariq Ramadan. L’entraide judiciaire internationale pourrait logiquement être sollicitée. Et il appartiendra également à la justice française de se positionner par rapport à ces nouveaux éléments. Brigitte n’a jusqu’ici pas témoigné dans le cadre de cette enquête.

L’islamiste est toujours incarcéré en France

Mis en examen en France pour viol, le Suisse et Égyptien Tariq Ramadan a été écroué le 2 février et reste en détention provisoire à Fresnes. Une décision motivée par un risque de fuite, de collusion et de récidive. Sa demande de remise en liberté a été refusée le 22 février par la Cour d’appel de Paris. Un expert médical désigné par la justice a jugé son état de santé compatible avec sa détention. Ce que Tariq Ramadan conteste, disant souffrir d’une sclérose en plaques et d’une neuropathie. Une nouvelle expertise médicale, demandée par un juge d’instruction français chargé de l’enquête, est attendue d’ici à dimanche.

Illustration à gauche : Tariq reçu avec tous les honneurs par le khouanji tunisien Rached Ghannouchi , gourou de la secte Ennahdha