Les arrivants des ténèbres comptent s’installer sur le toit de chaque cité.

PASSER À CÔTÉ

Une beauté s’annonce sur le sentier de notre vie ordinaire. Surpris par son passage éclair, et saisis par l’euphorie, on ferme les yeux comme pour l’éterniser. Lorsq’on les rouvre, elle n’est plus.

Dans un moment épiphanique, les poètes, qui savent que le temps leur échappe, le prient de suspendre son vol. les poètes sont des rêveurs. Certains sont des prophètes. Si l’on ne fait rien pour tenir la main de la chance et l’accompagner, on la perd à jamais. S’en suit alors la mélancolie, produite par le regret. Ainsi est notre sort. Nous sommes tous des poètes qui ‘prient’.

Entre temps, à notre insu, d’autres surpises hideuses nous ont saisis. Le ‘beau’ s’est retiré, cédant la place à ses ennemis qui en profitent, nous envahissent et comptent s’installer. Nous nous agitons, les uns accusant les autres d’en être responsables. Le temps est du coup suspendu. Rien à faire. On est passé à côté d’une aubaine. Reste la prière et l’attente de son nouveau passage.

Dans les livres sacrés de la science, tout ce qui meurt ne réapparaît, mais au cas où cela arrive, les mythes nous informent, ce sera sous la forme d’une farce. D’autres nous parleront de spectres, de danses nocturnes, de desseins macabres, et de châtiments cauchemardesques.

Il paraît que c’est vrai. Les villes ouvrent grandes leurs portes pour accueillir les arrivants des ténèbres. La magie fait des siennes. La rumeur circule déjà. Dans le ciel, on aurait aperçu des « colombes » bleues rôder allègrement, transportant dans leurs becs, les outils nécessaires pour dresser des nids sur le toit des municipalités de chaque cité.

Abdennebi Ben Beya