Algérie : le populo-islamisme devient une affaire grave

Le populo-islamisme devient une affaire grave. Cela réactive le trauma de la guerre des années 90 et annonce des jours mauvais. Cela fait peur. N’en déplaise aux amateurs du déni, aux explicateurs aériens par leur « expertise culturelle », il s’agit d’une contestation idéologique : on revendique le développement et la justice sociale en expliquant que les concerts de chants sont une dépense inutile. Le fait-on pour les dépenses d’un match de football ? Non. Le fait-on contre les immenses dépendes de ministères de rente comme celui des anciens Moudjahidines ? Non, les idéologues islamistes n’oseront pas, ils savent que faire annuler un festival par des prières est moins risqué que de s’attaquer directement aux sources de rentes du Régime. Parle-t-on du coût de la corruption ce que cela induit comme sous-développement local ? Non. On préfère la prière de rue, à la manière du FIS, contre des festivals de chants car c’est « rentable », plus facile, moins risqué et plus « rassembleur ». Cette méthode pose les jalons d’une perception des dépenses publiques « haram/hallal ». Pas ceux d’une contestation contre des abus. Elle est ciblée. Son but n’est pas la justice mais la négociation. Elle trompe la foule. Ce n’est pas un front de révolte, c’est un Front de Salut, islamique.

Kamel Daoud / 02 Août 2018.