Red Carpet

« L’homme ne vit pas que de pain ».

Encore heureux ! Oui, je sais, il y a la culture.
Plurielle. Qui nourrit l’intellect et donne du baume au coeur. En principe.
Nous, les tunisiens, nous raffolons de culture. Par conviction ou pour le fun ! C’est selon.
J’avoue que 2020 fut une année où tout le monde a fait chou blanc…Covid oblige!
Du coup, les festivals sont restés en veilleuse.
Quant aux salles de cinéma et notre beau Théâtre Municipal de « l’Avenue » (H.B), eh bien « closed »! Lieux de culture acculés, désertés, oubliés. Mis entre parenthèses…Pour un temps, une saison, un hiver, et qui sait un autre printemps !
La grogne des artistes, peu ou prou, a dépassé je crois celle des chômeurs éternels. Celle aussi des avocats, magistrats, en colère ou corps médical en furie!
Les artistes, voyez- vous doivent sortir, se produire, exister, toucher l’cachet et puis s’en aller répéter, danser, chanter, jouer…Innover!
Et ainsi de suite, d’année en année.
Je comprends ceux qui se  » convertissent » en chroniqueurs à la radio ou à la télé…
Quoique, certains ( et certaines) auraient mieux fait de garder leur rang et ne pas ainsi s’exposer comme des bêtes de cirque. Les unes peinturlurées, frisant le ridicule. D’autres, perdant leur capital sympathie et humour dans des répliques fades et si peu spontanées…
Mais bon, c’est humain, chacun essaie de garder une poire pour la soif…quitte à servir de poire pour Maîtres Buzz et Audimat.
Heureusement qu’il y a les JCC ( Journées Cinématographiques de Carthage). Institution sacralisée, qui fait la fierté de la Tunisie depuis 1966. Allez, ça nous change de l’autre Carthage où des ombres planent éperdument..
Allons donc jeter un œil sur l’événement tant attendu et prisé, dans la Cité de la Culture, en plein cœur de Tunis. Et pas que jeter un oeil…
plutôt se rincer l’oeil. Du moins, pour ceux qui seraient quelque peu frustrés…
Tant le tapis rouge sera foulé par des « Stars » en devenir, se prenant pour des créatures célestes. Mais qui, pour la plupart, sont plus ou moins fraîchement débarquées de chez des chirurgiens-lifteurs et autres habilleurs, maquilleurs, coiffeurs et chausseurs à talons. Le talent laissant franchement à désirer…
Créatures éblouissantes? Hehh…au point de vous aveugler! Ah ça ! Le « Red Carpet », comme disent certaines cruches-potiches, il a regorgé de cuisses,de balcons généreux,de décolletés vertigineux..sur des corps en décalage certain!
Exentrisme, mauvais goût…Bref, des plantes qui n’ont pas l’air de se cultiver!
Des journalistes qui couvrent l’événement aux invités (de marque ou pas) à celles qui se retrouvent parachutées là, pour « figurer », tels des pots. En vase presque clos…
J’ai beau chercher la culture dans ce micmac loufoque et indécent…j’en ai à peine décelé un soupçon! Comme qui dirait faire une lasagne avec une sauce bolognaise…sans viande hachée ou presque! T’es là, à patauger dans ta sauce, contraint de la faire ta lasagne, étage par étage…Après tout, ce qui compte, c’est l’apparence finale! Sans consistance aucune…
Sévère dans mon jugement, je le suis. Face à ce spectacle effarant de légèreté, de nudité, d’absence de goût. Sorry, mais réduire la femme et le monde de la culture à ça ! Je ne puis l’accepter! Je ne puis dire Amen à un tel travestissement de cette valeur sûre qu’est la Culture. Dans une ère de « liberté d’expression ».
JCC…ou Jeune Cité en Crise. Où défilent sur ce « Red Carpet » des nanas en mal de reconnaissance, et qui, parfois n’ont rien à voir avec le monde du cinéma! Des moulins à vent!
En veux tu, en voilà! Même S.Barka, modelliste et « pro » a émis de sérieuses réserves sur la tenue de ces dames. Comme cette M.Ben.M, bien en chair dans une robe bling-bling ( arrivée de Dubai le matin même). Elle avait l’air d’un grossier abat-jour…Elle était là, la bougresse, pour le buzz et pour annoncer un énième mariage!
L’autre, comédienne, R.Gabsi, débordait du ventre dans sa robe de soirée…Elle aurait, parait-il, englouti une pizza avant de l’enfiler!
Ou bien ce mec (en théorie), danseur-acteur, Ahmed T. qui débarque avec une « 7ama », sorte de voilette-clochette sur la tronche, pantalon 3 quarts pattes def, sac à main de gonzesse!
Vintage, mi-mâle, mi-femelle…De quoi revoir et corriger notre Etat Civil et fissa!
Le droit à la différence, d’accord mais on ne va pas s’afficher, ainsi accoutré!
Des Miss, elles, avec un Q.I plus qu’inquiétant, et qui ne savent rien sur les JCC!
La Chaimae C. journaliste, quasi en robe de mariée, masque blanc transparent, brodé. Ou robe de nuit à frou-frou, à chercher la caméra pour se mettre en valeur. Quelque peu lourdotte et becassine…
Sa collègue, Noussa A., fausse blonde à crever, brille par sa vulgarité et un faciès peu servi par la nature. Alors, pour compenser, elle sautille, se trémousse et se la joue sympa!
Le pompon, c’est le MAC ( Ministère des Artistes en Colère), débarque en fringues loufoques, improbables, le visage camouflé de voilettes. Ils viennent défendre leur cause.
MAC dans le micmac…
S. Baccar, elle, aura brillé par son élégance et sa sobriété dans une tenue à la chinoise, recouverte et à l’aise dans ses pompes…
Je parie que c’est l’une des rares qui possède un miroir…et une cervelle !
Voilà. Les JCC, vues, non pas côté cour et côté jardin mais surtout côté « Red Carpet » !
Je reparlerai sûrement de cinéma…sans avoir à casser trop de sucre. Par respect pour ce 7ème Art, pour ceux qui créent l’image et nous font rêver…

Bruxelles, le 27.12.2020
Raja Snoussi