La France débloque 100 millions d’euros pour séduire les chercheurs étrangers

Emmanuel Macron a annoncé un investissement public de 100 millions d’euros pour attirer en France des scientifiques étrangers, principalement venus des États-Unis, confrontés à la baisse des financements et aux restrictions politiques imposées par l’administration Trump.

Le 5 mai à l’université de la Sorbonne, Emmanuel Macron a présenté l’initiative française visant à attirer des chercheurs étrangers, notamment américains, affectés par les coupes budgétaires et les pressions idéologiques de l’administration Trump. Le président français a déclaré que « l’Europe doit devenir un refuge ».

Dans ce cadre, la France consacrera 100 millions d’euros supplémentaires, issus du programme France 2030, pour faciliter l’installation de ces scientifiques en exil. Ces fonds permettront de soutenir les établissements d’enseignement supérieur et les structures de recherche dans l’accueil des chercheurs. « Personne ne pouvait penser que cette très grande démocratie du monde allait faire une telle erreur », a déclaré Emmanuel Macron. Il a aussi dénoncé tout « diktat qui consisterait à dire qu’un gouvernement puisse interdire de chercher ceci ou cela », affirmant que « sans science libre, nous perdons ce qui fait le cœur des démocraties libérales occidentales ».

Une mobilisation à l’échelle européenne

À l’échelle de l’Union européenne, Ursula von der Leyen a annoncé un plan complémentaire de 500 millions d’euros prévu entre 2025 et 2027 pour renforcer l’attractivité de la recherche en Europe. Elle a souligné la nécessité « d’inscrire la liberté de la recherche scientifique dans le droit » via un nouvel acte législatif européen.

Cette déclaration s’inscrit dans le cadre du sommet « Choose Europe for Science » à Paris. La plateforme du sommet, mise en ligne en avril, a déjà attiré plus de 30 000 connexions, dont un tiers depuis les États-Unis.

Des dispositifs déjà en place pour les accueillir

e Gouvernement français souhaite attirer des profils variés, « du doctorant, au prix Nobel ». Le CNRS et plusieurs universités, comme Aix-Marseille, ont lancé des programmes spécifiques. Certains chercheurs français de retour des États-Unis affirment refuser de « vivre et élever leurs enfants dans l’Amérique de Donald Trump », a rapporté Antoine Petit, président du CNRS.

Emmanuel Macron a également alerté sur le risque de disparition des grandes bases de données scientifiques mondiales, notamment en climatologie ou en épidémiologie. « La France et l’Europe ne peuvent pas laisser faire cela », a-t-il affirmé.

L’UE vise un objectif de 3 % du PIB dédié à la recherche d’ici 2030. Parmi les mesures, une « super-subvention » sur sept ans et le doublement des compléments aux bourses de recherche sont prévus. Objectif : compenser le retard de l’Europe face au système américain, plus généreux en financements.

Avec cette stratégie offensive, Paris et Bruxelles cherchent à profiter de la fragilité actuelle du modèle scientifique américain pour renforcer leur propre influence.