Défilé grandiose des pharaons au Caire (vidéo): 18 momies de rois et 4 momies de reines

Dix-huit momies de rois et quatre momies de reines de l’Antiquité égyptienne ont défilé samedi dans les rues du Caire pour rejoindre le Musée national de la civilisation égyptienne. Le Caire compte sur cet événement très médiatisé pour tenter de relancer le tourisme dans le pays.

C’est une parade royale très attendue. Samedi 3 avril, 22 momies de souverains de l’antiquité égyptienne ont défilé dans les rues du Caire pour rejoindre le Musée national de la civilisation égyptienne (NMEC) où elles seront désormais exposées après plus d’un siècle au musée du Caire.

Le défilé a débuté à 20 heures (18h GMT), commençant le trajet d’environ sept kilomètres entre le musée du Caire sur la place Tahrir et le NMEC. Sous les coups de canon, les chars au stylé pharaonique, et sous haute surveillance policière, sont arrivés au nouveau musée vers 20H30, accueillis par le président Abdel Fattah al-Sissi.

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Les momies défilent dans l’ordre chronologique du règne des rois et reines. C’est donc le pharaon Seqenenre Tâa (XVIe siècle avant J-C.) qui ouvrira la marche et Ramsès IX (XIIe siècle avant J-C.) qui la fermera.

Les momies on voyagé chacune dans un char portant le nom du souverain et muni de mécanismes d’absorption des chocs, dans une enveloppe contenant de l’azote pour les conserver.

Baignée dans une lumière bleue, la procession a quitté le musée centenaire, accompagnée par un spectacle avec des figurants en costume pharaonique, de chars tirés par des chevaux, sous les battements de tambours d’une fanfare et sur fond de musique symphonique.

L’événement a été ponctué de performances musicales de plusieurs artistes égyptiens. « Le monde entier va regarder ça. Ce sont quarante minutes importantes dans la vie de la ville du Caire », a déclaré à l’AFP le célèbre archéologue égyptien Zahi Hawass.

L’accès au défilé étant limité pour des raisons de sécurité, les Égyptiens peuvent le regarder à la télévision ou sur Internet.

Dans l’attente du défilé, le musée du Caire et le ministère égyptien de la Culture et des Antiquités ont multiplié ces derniers jours les contenus sur l’histoire des rois et des reines momifiées, leurs découvertes et leur conservation.

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Conservation plus moderne

Découvertes près de Louxor, dans le sud de l’Égypte à partir de 1881, la plupart des 22 momies n’avaient pas quitté le musée de la place Tahrir depuis le début du XXe siècle.

Depuis les années 1950, elles y étaient exposées dans une petite salle, sans explications muséographiques claires.

Dans le NMEC, elles apparaîtront dans des caissons plus modernes « pour un contrôle de la température et l’humidité meilleur qu’au vieux musée », explique à l’AFP Salima Ikram, professeure d’Égyptologie à l’université américaine du Caire, spécialiste de la momification.

Elles seront présentées individuellement aux côtés de leurs sarcophages, dans un décor rappelant les tombes souterraines des rois, avec une biographie et des objets liés aux souverains.

Selon Zahi Hawass, la nouvelle présentation des momies vise « l’éducation » et non « le sensationnalisme ».

Le caractère macabre des momies a par le passé rebuté plus d’un visiteur. « Je n’oublierai jamais lorsque j’ai emmené [la princesse] Margaret, sœur de la reine Elisabeth II, au musée : elle a fermé les yeux et est partie en courant », raconte-t-il.

La présentation publique des momies a également soulevé des questions éthiques par le passé. De nombreux religieux musulmans estiment qu’exposer ces souverains morts est contraire au respect dû aux défunts.

« En 1980, le président Anouar al-Sadate avait ordonné la fermeture de la salle des momies royales au Musée du Caire, estimant que cela désacralisait les morts », rappelle la BBC. Le chef d’État avait exprimé le souhait que les momies soient remises en terre.

Le NMEC, qui occupe un vaste bâtiment au sud du Caire, partiellement inauguré en 2017, doit ouvrir ses portes le 4 avril. Mais les momies ne seront exposées au public qu’à partir du 18 avril.

Attirer plus de touristes

Après des années d’instabilité politique liées à la révolte populaire de 2011, qui a porté un coup dur au tourisme, l’Égypte cherche à faire revenir les visiteurs, notamment en promouvant la culture.

Outre le NMEC, l’Égypte doit inaugurer d’ici quelques mois le Grand musée égyptien (GEM) près des pyramides de Guizeh, qui abritera des collections pharaoniques.

Le grand défilé, annoncé par les autorités à l’aide de vidéos en ligne, a fait sensation sur les réseaux sociaux. Sous le hashtag en arabe #malédiction_des_pharaons, de nombreux internautes ont associé les récentes catastrophes survenues en Égypte à une « malédiction » qui aurait été provoquée par le déplacement des momies.

En effet, en une semaine, l’Égypte a connu le blocage du canal de Suez par un porte-conteneurs, un accident de train qui a fait 18 morts à Sohag (sud) et l’effondrement d’un immeuble au Caire qui a entraîné la mort d’au moins 25 personnes.

La « malédiction du pharaon » avait déjà été évoquée dans les années 1920 après la découverte de la tombe de Toutankhamon, suivie des décès jugés mystérieux de membres de l’équipe d’archéologues.