Quand l’expression « passe-moi une bière » devient un outrage suprême !!

Dans n’importe quel pays non musulman, si un commentateur sportif avait commandé une bière en direct à la télé, la direction l’aurait discrètement rappelé à l’ordre, les gens en auraient rigolé pendant quelques secondes et seraient passés à autre chose.

Dans les contrées pétries d’interdits et de tabous et soumises à une culture mortifère et totalitaire, un incident aussi insignifiant provoque un séisme de grande ampleur. Cela prend le caractère d’un drame national et la télévision de service public se fend d’un communiqué particulièrement repentant pour présenter ses excuses aux téléspectateurs et à leurs « oreilles chastes » en cette période qui porte le nom ridicule d’aouecher.

En effet, l’indignation atteint son comble quand l’incident se produit à quelques jours du début du mois de ramadan. La populace bondieusarde, se nourrissant de tartuferies et proclamant le primat de l’orthopraxie, cède à l’emportement et à l’esprit vindicatif. L’expression « passe-moi une bière » devient un outrage suprême qui ne peut être réparé que par le licenciement du journaliste-picoleur.

Tellement amalgamés avec leur bêtise islamiteuse qu’à la prononciation du moindre mot en rapport avec les moubiqat, ils en perdent la raison, arguant que leur honneur de bons musulmans vient d’être bafoué, en direct à la télé, une télé financée avec les deniers publics par surcroît, à quelques jours du « mois saint », pour devenir de véritables volcans en éruption crachant leurs courroux et leurs cris enragés.

P.-S. : Les animateurs bien-pensants des radios privées et les présentateurs qui se sont faits un nom dans le domaine de la télé-poubelle s’interdisent l’emploi de certains mots, sous-prétexte de ne pas vouloir choquer les familles tunisiennes traditionnelles et conservatrices.

Mine de rien, ils ont contribué, à leur échelle, à la diabolisation de la consommation d’alcool. Des mots tels que « birra » et « chrab » n’ont jamais joui d’un grand prestige sous nos cieux, mais, aujourd’hui, ils sont chargés d’interdits et sont devenus imprononçables dans les médias tunisiens.

Pierrot LeFou