Protégez vous les potes ! Personne ne viendra à notre secours.

Petite virée en voiture pour décompresser de trop rester enfermé. Un ciel bas et brumeux qui écrase Sousse. Un air de quelque chose d’invisible qui plane sur la ville triste. La radio annonce 6 morts aujourd’hui . Tu remontes les vitres. L’instinct de survie. Puis une petite douleur te torsade la poitrine. Tu pulvérises le petit flacon de l’eau de Cologne de grand mère. Ouf, ton odorat fonctionne encore. Les gens errent masqués comme des zombies. Le café devant lequel je passe, habituellement rempli à ras le bol de rires, d’engueulades dans un brouillard de fumée festive, sonne creux. Abderrahmane, le serveur ressort à s’activer, s’ennuie attablé à bailler , étalé sur une chaise, abattu .
Tu fais demi tour et tu rentres pressé pour te rassurer. Le ministre de la santé , docteur de son Etat, t’informe que le Covid est là , jusque chez toi , même si tu t’enfermes.
Les potes ! faites gaffe ! protégez vous , protégeons nous. N’attrapons pas cette saloperie en ce moment. Personne ne viendra à notre secours, si ça se complique. Il y a longtemps qu’on vit sans Etat.

Fadhi Ch’ghol