Une ruse de Sioux

L’homme de Carthage a vu venir l’homme du Bardo. En cela il ne s’est pas trompé. Soit, mais là où, pour lui barrer le chemin, il ne fait pas trop briller ses références professorales en droit constitutionnel, c’est d’ériger les dispositions transitoires de l’article 148-5 de la constitution en obstacle à la mise en place de la Cour Constitutionnelle projetée, il est vrai, avec une certaine fébrilité par le mouvement islamiste dit « ennahdha » et ses satellites.

En effet, l’argument ne tient pas selon lequel la chose n’est plus possible en raison du dépassement du délai maximum d’un an imparti par ledit article à compter de la date d’élection de l’A.R.P. car il ne s’y agit pas d’un point de procédure entendu comme allant de soi pour des opérations répétitives ou seulement renouvelables, ce qui n’est nullement le cas pour la mise en place définitive, en une seule fois, de la Haute Cour.

Ainsi, il est difficile d’admettre du laïus auquel nous pensons, vous et moi, qu’il puisse convaincre du bien fondé d’une acception littérale qui prendrait le délai en question pour une condition de recevabilité de la démarche d’établissement de la Cour Constitutionnelle. Il est clair qu’en édictant un délai maximum pour ce faire, les rédacteurs de la constitution ont entendu uniquement insister sur le caractère indispensable de l’institution, donc a fortiori de son utilité en tout temps. J’ai exprimé dans ce qui précède un point de vue de droit. Néanmoins, je ne vous cacherai pas le fond de ma pensée, c’est une querelle entre deux fossoyeurs de la République.

Abdessalem Larif