Le dinar se déprécie…le dinar flotte !!!

Ezzeddine Saïdane

Le Dinar en tant que miroir de se qui se passe au niveau de l’économie tunisienne s’est déprécié de près de 21% depuis le début de cette année, de 40% sur les trois dernières années, et de 60% depuis janvier 2011. Le Dinar s’est déprécié d’autant malgré les interventions de la Banque Centrale de Tunisie (BCT).

La BCT intervient chaque fois qu’elle décide de freiner la baisse de la valeur du Dinar (et donc la hausse du cours de la devise). En intervenant, la BCT offre (vend) la devise et demande (achète) le Dinar. Cela suppose que les réserves de change dont dispose la BCT soient à un niveau qui permet de telles interventions. Ce niveau des réserves de change doit être supérieur à l’équivalent de 90 jours d’importation.

Le Niveau de l’équivalent de 90 jours d’importation est considéré partout dans le monde comme étant une ligne rouge en dessous de laquelle un pays ne doit pas descendre. Ce niveau est en effet à peine suffisant pour couvrir les importations de produits essentiels, et donc prioritaires. Il s’agit essentiellement des produits alimentaires, des médicaments et des hydrocarbures. Un pays dont les réserves de change représentent 90 jours d’importation (ou moins) ne serait donc pas en mesure d’honorer ses échéances de dette extérieure. Dans une telle situation toute intervention de la banque centrale de ce pays pour défendre sa monnaie serait une utilisation risquée de ses réserves de change.

Les réserves de change de la Tunisie se situent actuellement à l’équivalent de 90 jours d’importation. Les possibilités d’intervention de la BCT pour défendre (ralentir la baisse du Dinar) le Dinar sont donc de plus en plus limitées. Une banque centrale qui n’a plus les moyens d’intervenir sur le marché des changes peut être amenée à la laisser flotter sa monnaie, d’où le terme arabe « Ta3weem ».

Laisser flotter sa monnaie peut être voulu par une banque centrale si celle-ci prépare la convertibilité dotale de sa monnaie. C’est le cas aujourd’hui du Maroc. Il peut par contre être subi compte tenu du niveau bas des réserves de change et des conditions économiques et financières difficiles. C’est le cas de l’Egypte.

A la fin de sa dernière visite en Tunisie, l’équipe du FMI semble recommander à la BCT de ne pas intervenir pour défendre le Dinar. Ce serait dans ce cas le « Ta3weem » du Dinar, et qui pourrait avoir des conséquences dramatiques. A titre d’exemple 1 Dollar valait 8 Livres Egyptiennes avant le « Ta3weem ». Il en vaut aujourd’hui 21 Livres Egyptiennes.

TOUT CECI MONTRE COMBIEN IL EST URGENT D’ENGAGER UNE VÉRITABLE OPÉRATION DE SAUVETAGE DE L’ÉCONOMIE TUNISIENNE.

Publié par Ezzeddine Saïdane le 23 décembre 2017