Tunisie : le Paysage politique dans le besoin d’un Nidaa de Youssef Chahed

Mansou Mhenni

Mansour Mhenni

Les échéances électorales approchent et les sensibilités politiques s’y préparent à qui mieux mieux, les uns dans leurs partis, les autres dans des coalitions et certains en indépendants ou dans de nouvelles « initiatives » pouvant se ranger dans l’une de ces formules.

Ainsi, dans ce contexte nodal du processus de démocratisation, le paysage politique tunisien erre entre le Front populaire et la perspective d’une éventuelle restructuration, le Jomhouri et son congrès en cours sur un fond de plusieurs péripéties, un Front du salut qui ne trouve pas encore la voie, ni la juste voix, de son propre salut, une « famille destourienne » des plus démantelées et finalement ramenée, semble-t-il, à des dépits d’adolescence retardée, un N. Chebbi en rupture de ban et à la recherche d’un nouveau royaume pour sa volonté de présidence, un M. Znaïdi toujours hésitant entre les premières amours et la tentation d’un nouveau concubinage, un Mehdi Jomaa n’arrivant pas à construire sur relatif capital de confiance que Hocine Abbassi a commencé à battre en brèche, un Harak dont le patron ne semble bouger que pour semer la pagaille et remettre en cause son propre patriotisme auprès de nombreux citoyens qui ne sont pas prêts à pardonner au Mouvement Ennahdha d’avoir terni leur histoire par trois ans de présidence fantasque ! Sans parler de « la poussière d’autres partis » (sauf le respect qui leur est dû) comprimés à la plus petite dimension qui préserverait leur existence légale, il faut bien reconnaître que ce paysage politique reste fondamentalement marqué et particulièrement déterminé par les deux plus grands partis, ou les deux partis majorités, en l’occurrence Ennahdha et Nidaa Tounès.

Pour ce qui est du premier, il y a sans doute peu à dire après ce qui a été souligné jusque par ses adversaires, c’est-à-dire qu’il est le mieux structuré, le plus cohérent dans sa démarche, apparemment le plus efficace dans ses stratégies, sur un arrière-fond de suspicion chez plusieurs Tunisiens quant à la sincérité de son engagement dans un irrévocable processus de démocratisation de la société sur la base d’un Etat civil, culturellement et constitutionnellement musulman, mais dans la tolérance des différences et de la liberté de croyance. En effet, les Tunisiens restent méfiants à l’égard de ceux qui auraient tendance à profiter de la démocratie pour se retourner contre elle, le moment venu.

Quant au second parti, Nidaa Tounès, il a vu de toutes les couleurs des tiraillements internes, allant jusqu’au séparatisme, et des complots externes visant son anéantissement au nom d’une « mort clinique déjà constatée ». Pourtant, il reste bien la référence la plus crédible encore pour un projet d’équilibrage des forces politiques en Tunisie. Qu’il s’allie ou non avec le Mouvement Ennahdha, sous le poids des conjonctures, il reste le seul adversaire de poids pour contrer une quelconque tendance à l’hégémonisme qu’il manifeste(rait). Cependant, les conflits personnels, toujours présentés comme une cause collective, ont trop miné ses valeurs de base et ses objectifs constitutifs, menaçant en effet sa dimension et son impact. Ainsi, toutes les tendances divergentes en émanant, comme d’ailleurs dans la « famille destourienne », parlent des mêmes principes de base et restent sourds et aveugles à toute entreprise de resserrer les rangs de la grande famille nidaïste, pour le seul intérêt de la Tunisie et de leur parti. Il y a donc péril en la demeure et il faut bien se ressaisir !

A mon humble avis (déjà exprimé auparavant), celui du citoyen indépendant que je suis depuis 2011, la solution la plus concluante pour Nidaa Tounès, dans l’ensemble des données en présence, c’est sa prise en main aussi rapidement que possible par Youssef Chahed, avec une large et sincère ouverture à toutes les énergies à même d’apporter leur engagement assumé et leur action conséquente dans le respect de nouvelles éthique et déontologie partisanes. Qu’on ne nous sorte pas encore l’argument de la responsabilité gouvernementale pour faire obstacle à cette démarche parce que cette responsabilité peut constituer un facteur de cohésion interne et de considération externe.

L’homme a sa jeunesse pour lui et un enthousiasme qui a marqué les premiers mois de la conduite du gouvernement d’union nationale. Il donne le sentiment d’apprendre vite de chaque pas qu’il franchit et de l’écoute des autres. Il ne se laisse pas intimider par les campagnes de dénigrement gratuites ou mal intentionnées. Bref, il constitue bel et bien un projet crédible et fiable d’un leader politique en accord avec son temps et en interaction avec le monde qui l’entoure.

A quand donc une telle initiative, la Grande initiative pour le Nidaa depuis celle de son fondateur Béji Caïd Essebsi. Espérons qu’elle ne saurait tarder ! Wait and see…

Mansour M’henni le 4 février 2017