Traqué, Abou Bakr al-Baghdadi admet sa défaite en Irak

abou bakr al baghdadi chef de daechLe chef du groupe terroriste Daesh Abou Bakr al-Baghdadi aurait transmis une déclaration en forme de «message d’adieu» à ses fidèles. Concédant la défaite de Daesh en Irak, il leur demande soit de rentrer dans leur pays d’origine soit se faire exploser.

Selon la télévision irakienne qui cite des sources proches du gouvernorat de Ninive (ou se trouve Mossoul), une déclaration de Abou Bakr al-Baghdadi, titrée «Discours d’adieu», a été diffusée parmi les cadres de Daesh ce 28 février 2017. Admettant la défaite de Daesh en Irak, le chef de guerre a ordonné la fermeture des bureaux administratifs de Daesh, laissant aux combattants le choix : soit retourner dans leurs pays d’origine pour y continuer le combat, soit se faire sauter dans des attentats terroristes, avec la fameuse promesse des «72 vierges au paradis».

Si le message était authentifié, ce serait la preuve qu’Abou Bakr al-Baghdadi est toujours vivant. En effet, selon les médias irakiens, le chef de guerre aurait été blessé le 9 février 2017 lors d’un bombardement de l’aviation irakienne, lequel avait tué 13 membres de Daesh. Le premier ministre irakien avait déclaré au début du mois de février 2017 que les autorités connaissaient la localisation du chef de Daesh, dont la tête est mise à prix pour 25 millions de dollars par les autorités américaines.

L’armée régulière irakienne, appuyée par des troupes américaines, ont lancé le 19 février 2017 une offensive massive contre Mossoul, dernier grand bastion de Daesh en Irak. Les combats se révèlent longs et difficiles, notamment en raison de la présence de 750 000 personnes, dont plus de 300 000 enfants, dans la ville auxquels se mêlent les combattants islamistes. Une situation qui rappelle celle d’Alep, en Syrie, à la fin de l’année 2016, à la différence qu’à Mossoul, ce sont les Occidentaux qui sont à la manœuvre.

Manœuvre habile ?

La retraite des djihadistes de Daech vers les montagnes, opérée après le discours d’adieu d’al-Baghdadi n’est qu’une manœuvre habile, estime un expert russe.

Il est prématuré de parler de la fin de la lutte contre Daech après le discours d’adieu prononcé ce matin par son chef al-Baghdadi, les djihadistes opérerant un repli tactique pour se regrouper avant d’attaquer de nouveau, a expliqué Sergueï Demidenko, expert de l’Institut des sciences sociales, dans une interview accordée à l’agence Sputnik.

« Pour le moment, il ne s’agit pas d’évoquer un renversement de la situation. Pour le moment, ils (les djihadistes, ndlr) se cacheront dans les montagnes pour reconstituer leurs unités et essayeront ensuite de reprendre leurs positions perdues », a indiqué l’interlocuteur de l’agence.

Selon lui, il faut prendre la déclaration d’al-Baghdadi comme une nouvelle stratégie dans un nouveau contexte.

« C’est-à-dire qu’ils changent le format de leur stratégie, ils battent en retraite afin de regrouper leurs forces et de porter de nouveaux coups, car ils ne se rendent jamais. Ceci est propre à cette idéologie et aux organisations telles que Daech qui aspirent exclusivement à la lutte permanente. Tant que tous les djihadistes ne sont pas éliminés, on ne peut pas parler de la fin de cette doctrine », a ajouté l’expert.

Selon lui, la déclaration d’al-Baghdadi sera suivie par une nouvelle vague d’attentats non seulement en Europe, mais également en Asie.

« C’est une idéologie qui vise la guerre. Ils ont une idée bien précise du système actuel de relations internationales. Pour eux, le monde est divisé en trois « terres »: « la terre de la guerre », la « terre du traité » et « la terre d’islam ». À l’heure actuelle, dans les conditions existantes, le monde entier est pour eux « le monde de la guerre », le djihad devant être mené d’une façon permanente. Aussi doit-on s’attendre à des attentats partout, car il s’agit d’une idéologie qui ne vise pas la coexistence pacifique et la recherche de compromis, le monde entier étant pour les djihadistes un théâtre d’opérations militaires », a conclu l’expert.