Le Tribunal criminel de Genève a condamné jeudi un braqueur multirécidiviste à 13 ans de prison. Cet homme qui a déjà passé près de 20 ans derrière les barreaux échappe à la mesure d’internement requise par le procureur.
Les juges soulignent son acharnement , sa ruse, son niveau de violence. Mais écartent la mesure d’internement
Treize ans de prison assortis d’un traitement psychothérapeutique intensif. Telle a été la sanction infligée, jeudi 9 février courant par le Tribunal criminel de Genève au braqueur qui s’en est pris deux fois aux mêmes victimes habitant Collonge-Bellerive (en 2011 et 2015) ainsi qu’à une famille de Corsier.
Les juges ont souligné qu’à l’âge de 36 ans, ce Tunisien de Bellegarde avait passé presque vingt ans derrière les barreaux. Des antécédents «catastrophiques». Son «ancrage dans la délinquance est maintenant proche du grand banditisme et ne peut pas être toléré».
L’homme a été reconnu coupable d’extorsion, de brigandage, de menaces, de contrainte, de séquestration et de prise d’otage ainsi que de violation de domicile. Le tribunal constate que le butin et les armes «ont disparu à une vitesse déconcertante», aussi bien en 2011 qu’en 2015. Rien n’a été retrouvé.
Scénario identique
A peine mis en liberté conditionnelle, en mars 2015, l’individu s’en prend à une famille à Corsier après avoir menacé un promeneur. Cagoulé et armé d’un pistolet d’alarme, il prend la famille en otage et se fait remettre des bijoux et de l’argent. Il oblige ensuite le fils à le conduire jusqu’à la frontière, toujours sous la menace du pistolet.
Un mois plus tard, il recommence et vise la maison qu’il avait déjà braquée en 2011 à Collonge-Bellerive. Le scénario est le même: cagoulé et armé d’un pistolet, cette fois à billes, il prend en otage le jardinier et la maîtresse de maison et se fait ouvrir le coffre-fort. Il force ensuite le jardinier à le conduire près de la frontière. Il est arrêté peu après.
Rien ne l’arrête
Les juges ne sont pas convaincus par la thèse de la dette du prévenu envers les frères D., les maîtres de Bellegarde, des truands qui le menaçaient et qui l’auraient poussé à commettre ces home-jackings. Les deux frères ne peuvent d’ailleurs plus en parler car ils sont aujourd’hui morts. L’un a été tué par des douaniers près de Marseille et l’autre au cours d’un règlement de comptes, en Haute-Savoie.
Le tribunal souligne «la ruse du prévenu, son acharnement, l’élévation de son niveau de violence avec la prise d’otage». Rien ne l’arrête. Ni le nombre de ses victimes, ni la peur de la police, ni la pitié envers une femme enceinte et une autre en béquilles. «Sa faute est extrêmement importante, considère le tribunal. Il commet des brigandages avec une facilité déconcertante». Il passe à l’acte alors qu’il vient d’être libéré conditionnellement et que «les autorités judiciaires genevoises ont cru à son amendement».
Pour les juges, les déclarations des victimes sont «précises et cohérentes». Ils retiennent le déroulé des faits qu’elles ont décrit. Ils admettent également l’existence de menaces que le prévenu a proférées lorsqu’il se trouvait en prison à l’encontre du directeur de Champ-Dollon.
Dernier espoir
Cet homme à la carrure impressionnante explique ses actes par des pressions exercées par deux frères à qui il devait de l’argent. Pour les juges, seul l’appât du gain a guidé sa conduite. Ils considèrent sa responsabilité pleine et entière et ne retiennent aucune circonstance atténuante.
Il sera donc condamné à 13 ans de peine privative de liberté, comme le réclamait le procureur Hamdan. En revanche, la mesure d’internement requise par le magistrat est écartée. Elle ne doit être prononcée que lorsque tous les autres moyens d’amendement ont été épuisés. Les juges veulent croire que ce n’est pas le cas en ce qui concerne cet homme. Il sera donc soigné, mais derrière les barreaux, comme le préconise l’expert-psychiatre.
Me Vincent Spira, avocat du condamné, va faire appel
Sources : tdg.ch et 24heures.ch