Situation au Liban : le chef de l’ONU et Washington « très inquiets »

rex-tillerson-libanLe secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ont témoigné vendredi de l’inquiétude qui les gagne face à la situation politique au Liban, dans la foulée de la démission surprise du premier ministre Saad Hariri, annoncée samedi depuis l’Arabie saoudite.

Dans un communiqué, le numéro un de la diplomatie américaine a mis en garde contre toute « utilisation du Liban comme un lieu de conflits par procuration ».

« Les États-Unis exhortent toutes les parties, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Liban, à respecter l’intégrité et l’indépendance des institutions nationales légitimes du Liban », a ajouté M. Tillerson. « À cet égard, nous respectons le premier ministre libanais Saad Hariri en tant que partenaire solide des États-Unis. »

« Il n’y a pas de place ou de rôle légitime au Liban pour des forces, milices ou éléments armés étrangers autres que les forces de sécurité légitimes de l’État libanais, qui doivent être reconnues comme la seule autorité pour la sécurité du Liban. » Rex Tillerson

Plus tôt vendredi, M. Tillerson a déclaré à des journalistes, au cours d’un déplacement en Asie, avoir eu « l’assurance » de la part des autorités saoudiennes que M. Hariri avait « pris tout seul sa décision » de démissionner et n’avoir « aucune indication » selon laquelle il serait retenu contre son gré.

Il avait également exprimé des inquiétudes quant aux conséquences de sa démission. « La structure actuelle du gouvernement », qui réunit chrétiens et musulmans sunnites et chiites, « a permis de maintenir un certain calme, la paix au Liban, donc dès qu’on remet en cause cet équilibre des pouvoirs qui a fait ses preuves, cela crée un potentiel pour un changement de situation », a-t-il soutenu.

antonio guterres onu libanLe secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a fait part ce vendredi de sa « grande inquiétude » face à la crise politique au Liban, assurant multiplier les « contacts » pour éviter une « escalade aux conséquences tragiques ».

« J’ai été en contact étroit (cette semaine) au niveau politique et diplomatique avec l’Arabie saoudite, le Liban et plusieurs pays », a déclaré à des journalistes le patron de l’ONU. « C’est un sujet qui représente une grande inquiétude pour nous. Ce que nous voulons c’est que la paix soit préservée au Liban. Il est essentiel qu’aucun nouveau conflit survienne dans la région qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices. Dans le même temps, il est important de préserver l’unité, la stabilité du Liban et le fonctionnement des institutions libanaises », a-t-il ajouté. « Nous sommes très inquiets et nous espérons ne pas voir une escalade dans la région qui aurait des conséquences tragiques », a insisté Antonio Guterres, sans préciser la teneur des entretiens qu’il a eus avec les parties au conflit.

« Nous sommes très inquiets et nous espérons ne pas voir une escalade dans la région qui aurait des conséquences tragiques. » Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU

Le président libanais a appelé au retour de Saad Hariri. Le week-end dernier, le Premier ministre libanais Saad Hariri a créé la surprise en annonçant, depuis Ryad, sa démission, dénonçant la « mainmise » sur le Liban du Hezbollah chiite, membre de son gouvernement mais aussi proche allié de l’Iran. Depuis, les interrogations sur sa liberté de mouvement se multiplient. Selon le Hezbollah, Saad Hariri, qui a aussi la nationalité saoudienne, est « détenu » en Arabie saoudite. Selon la France, il « est libre de ses mouvements » en Arabie saoudite. Le président libanais Michel Aoun a appelé vendredi à son retour au Liban.

La crainte de nouvelles violences dans le pays. La démission de Saad Hariri fait craindre que le Liban, pays aux équilibres communautaires fragiles, ne plonge dans de nouvelles violences. Le Liban a été entre autres déchiré par une guerre civile entre 1975 et 1990 et par un conflit avec son voisin israélien en 2006.

Avec agences