Quatre pays du G7 vont interdire l’importation d’or en provenance de Russie

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et le Japon vont interdire l’importation d’or en provenance de Russie. Cette sanction contre l’invasion de l’Ukraine sera annoncée dans le cadre de la réunion du G7. Les Etats-Unis estiment priver Moscou de 19 milliards de dollars de recettes.

Le président américain a annoncé dimanche que « les Etats-Unis ont imposé des coûts sans précédent à Poutine pour le priver des revenus dont il a besoin pour financer sa guerre contre l’Ukraine. Le G7 ( NDLR : groupe de 7 pays Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) annoncera que nous interdirons l’importation d’or russe, une exportation majeure qui rapporte des dizaines de milliards de dollars à la Russie ». 4 pays du G7 , Etats-Unis en tête avec le Canada, le Royaume-Uni et le Japon vont annoncer mardi cette nouvelle sanction, à la portée financière et symbolique. Ils espèrent que d’autres pays du G7 comme la France ou hors du G7 se joindront à leur initiative.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a estimé que cette mesure va frapper « directement les oligarques russes et s’attaquera au coeur de la machine de guerre de Poutine ». Antony Blinken, le secrétaire d’Etat américain estime que cette nouvelle sanction contre la Russie priverait le pays de 19 milliards de dollars par an. Ce chiffre correspond aux exportations d’or de la Russie en 2020. 90 % furent destinées au Royaume-Uni.

L’embargo aurait des conséquences financières à court terme sur les groupes aurifères russes, déjà en difficultés.

Très loin derrière le pétrole et le gaz, l’or représente une faible part des exportations russes, autour de 5 %, soit 10 à 20 milliards de dollars par an ces dernières années. La Banque de Russie est de son côté peu désireuse de vendre son or, un gage de confiance pour le rouble et les citoyens. Avant même la guerre en Ukraine, la banque de Russie a diversifié ses réserves de change hors du dollar et au bénéfice notamment de l’or. Début 2022, l’or représentait 21,5 % des réserves de la banque centrale russe, deux fois plus que le dollar (10,9 %). « Cette diversification lui a permis de limiter le gel de ses avoirs causé par les sanctions. Pour le moment la Russie, qui croule sous les devises étrangères grâce au pétrole, n’a pas besoin de vendre son or mais cela pourrait être le cas à l’avenir », rappelle sur Twitter l’économiste de l’Institut de la Finance Internationale, Elina Ribakova.

Depuis 2014 et les tensions avec les Etats-Unis, la Russie a entrepris un lent mais inexorable processus de dé-dollarisation de son économie et de son système financier . L’or en a été un des bénéficiaires. Cette valeur refuge a en outre l’intérêt d’être peu volatile et de bien résister lors des crises. Le vendre dans le contexte actuel serait risqué.

Mystère des 3 tonnes arrivées en Suisse

A l’échelon mondial, imposer un embargo strict sur l’or russe reste un défi. En 2021, la Suisse a été le premier importateur d’or (de tous pays confondus) avec près du quart mondial soit 92 milliards de dollars. Les autres sont l’Inde (55,8), le Royaume-Uni (53,7) et la Chine (43,7). A eux seuls les 4 pays ont représenté 62 % de la demande mondiale. En mai, 3 tonnes d’or (167 millions d’euros) d’origine russe ont été importées en Suisse depuis le Royaume-Uni. C’était une première depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, avait révélé l’agence Bloomberg. La Suisse compte les principaux raffineurs d’or mondiaux, chargés de purifier le métal précieux. L’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières dit examiner les flux concernés au regard des sanctions. Il rappelle dans un communiqué que « l’importation d’or de Russie en Suisse n’est pas interdite par l’Ordonnance instituant des mesures liées à la situation en Ukraine. En revanche, l’exportation d’or vers la Russie est interdite par le régime de sanctions existant ». Les lingots fabriqués par des raffineries russes depuis le 7 mars ne peuvent plus être négociés en Suisse à la différence de ceux qui l’ont été avant cette date.